Dans le cadre de la semaine de la poésie, du 21 au 31 mars 2025, Art Critique donne carte blanche à Barbara Polla, fondatrice d’une galerie-librairie en Suisse, d’exclusives Nuits de la Poésie, et co-organisatrice des soirées poétiques Équinoxe de nos confinements passés. Pour cette première édition par voie de presse, elle propose des écrits d’une sélection de dix créateurs, artistes et poètes dont elle accompagne le travail. En ce sixième jour, elle nous fait découvrir « C’était un soir » d’Audrey Vigoureux.
C’ÉTAIT UN SOIR
C’était un soir
Ou peut-être un matin
Ce qui est certain
C’est que le plafond
Ou le ciel
Je ne me souviens
Suffisamment sombre,
Pourpre et dense,
Laissait apparaître
Ton rayonnement
Comme la queue
D’une fusée
Dans l’écran noir
D’une télévision.
Une petite assemblée,
Quelques étoiles chétives
Celle-ci riait
Celui-ci vociférait
Celles-ci bavaient
Celui-ci fumait.
Moi j’empêchais
Mes dents de claquer,
Mes sens de rêver.
Ce qui est certain
C’est que la lune municipale
Ne voulait pas de nous.
Mais déjà dans la paume
De ma main pâle
J’ai tenu la tienne
Et ta voix d’ébène,
Caressant mon cou,
Et ton sourire
Engageant le mien
Comme une enfant.
C’était un matin
la fin d’un soir
Je me souviens
Car la lumière
Plus vive que l’aube
Ne m’a plus quittée
C’était l’alouette
Je m’en souviens presque.
Ton souffle
A saisi le mien
Et sous mes pieds
Les sables mouvants,
Au creux du sternum
Cette chaleur
Gardienne
De toutes les tempêtes.
C’était hier
C’est aujourd’hui
Et demain
Je chanterai
Pour que tu restes
Audrey Vigoureux est pianiste, concertiste, musicienne polymorphe et multi primée (après une première médaille d’or à l’âge de 15 ans) et artiste engagée. Elle est la fondatrice, l’âme et la codirectrice du festival de musique Les Athénéennes, à Genève, dont la 14e édition aura lieu début juin 2025. Poète, elle nous parle d’amour des mots, des sons et du vagabondage. On dit d’elle qu’« elle suit son chemin de façon déterminée, mais en conservant ce geste joyeux qui signe les étoiles ».