Dans une semaine exactement débutera dans l’espace situé rue Étienne Marcel de la galerie Derouillon une nouvelle exposition personnelle de l’artiste pluridisciplinaire Alexandre Benjamin Navet. Pour ce cinquième solo show que la galerie lui consacre, il propose un ensemble de tableaux regroupés sous le titre « L’invitation ».
Une semaine après les fêtes, leurs déjeuners et dîners fastueux, c’est à table que le spectateur est à nouveau convié. Une table vue sous différents angles comme les autres objets que l’artiste a l’habitude de traiter dans ses compositions picturales. Que ce soient des tables basses comme des tables à manger, cet objet est d’ailleurs un des sujets récurrents de sa pratique.
De forme ronde ou rectangulaire, couverte de nappes aux motifs rayés ou fleuris, ou bien encore support d’objets ornementaux, la table, en effet, est un sujet parfait pour cet artiste qui ne renie pas la dimension décorative de l’art. Formé à l’École nationale supérieure de création industrielle, il conjugue au contraire souvent ses peintures à des objets en trois dimensions qui en semblent directement extraits. C’était le cas dans la vitrine d’Hermès en 2018 (« Les pièces imaginaires ») mais aussi lors de sa première exposition à la galerie Derouillon l’année suivante (« Conversation ») ou bien encore sur le stand d’Art Brussels cette même année 2019.
Parmi les objets favoris de Navet ayant déserté les toiles on trouve d’ailleurs la chaise. Exécutées à échelle 1 mais peintes dans le même style que les autres meubles représentés dans les tableaux, les chaises de l’artiste sont elles aussi choisies pour la beauté de leurs lignes. En les soulignant d’un tracé coloré l’artiste en révèle simplement l’évidence car c’est là le principe commun à l’ensemble de son travail que de révéler l’harmonie des objets quotidiens et l’équilibre de leur agencement. Faisant se confondre dessin et couleur, il unit l’intelligence de la forme à la sensualité de teintes joyeuses qui encouragent le spectateur à regarder autrement son environnement habituel.
Pour cette « invitation », il inclut ses dossiers de chaises en 3D à ses surfaces planes, créant des compositions différentes de celles qu’il avait montrées lors de sa dernière exposition à la galerie en 2022 (« Jardins »). Ces nouvelles œuvres ne peuvent qu’évoquer au spectateur les papiers découpés de Matisse, une influence que ne renierait certainement pas l’artiste. Et parce que chez les artistes se situant dans cette tradition plus que dans un héritage conceptuel, c’est en faisant que l’on trouve des idées neuves, apparaissent aussi dans ces dernières compositions de petites ombres, ombres peintes sans doute inspirées des ombres réelles créées par l’ajout des objets découpés.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 15 février.