Akerman chez elle au Jeu de Paume et à Paris

Akerman chez elle au Jeu de Paume et à Paris
Vue de l’installation D’Est au bord de la fiction(1995). Exposition « Chantal Akerman. Travelling », Bozar, Bruxelles, 2024 Courtesy Fondation Chantal Akerman et Marian Goodman Gallery, New York, Paris, Los Angeles © We Document Art / Bozar © Julie Pollet © Adagp, Paris, 2024
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Après une présentation à Bruxelles au Palais des beaux-arts, Chantal Akerman. Travelling s’expose à Paris au Jeu de Paume. Curaté par Laurence Rassel et Marta Ponsa, ce solo show rappelle l’importance de la capitale française dans l’œuvre de l’artiste belge.

Sept moniteurs composant l’installation vidéo Woman Sitting after Killing (2001) accueillent le visiteur dans la première salle. Suivent, dans un deuxième espace, vingt-quatre autres appareils de ce type émettant des sortes d’ultrasons et grésillements aigus, et, dans une pièce au format réduit, un téléviseur apparemment éteint diffusant des formes lumineuses. Ces deux dernières salles constituent l’œuvre D’est, au bord de la fiction (1995).

Il est assez logique de trouver tant d’écrans dans cette exposition car l’artiste belge est avant tout cinéaste. La collaboration de la Cinémathèque royale de Belgique est d’ailleurs perceptible à travers le prêt de nombreuses œuvres. Ainsi, cette mise en scène rappelle clairement la spécificité de la créatrice, « l’une des premières cinéastes à investir des lieux d’art contemporain avec des installations vidéo » selon les commissaires.

La reconstitution de D’est, au bord de la fiction constitue également une salutation au passé puisque cette installation fut présentée dans l’ancienne Galerie nationale du Jeu de Paume en 1995. Akerman a longtemps vécu à Paris, où elle est arrivée une première fois après le tournage de son court-métrage Saute ma ville en 1970, et où elle s’est éteinte, se suicidant en 2015 à l’âge de 65 ans. L’exposition rappelle cet ancrage dans la capitale française également camp de base des monteuses de ses films. Ce lien a d’ailleurs été rendu quasiment indéfectible en 2021 quand cette ville a inauguré une allée à son nom dans le vingtième arrondissement.

Le visiteur peut également approfondir la relation de la cinéaste à la Ville lumière grâce à un vaste et pratique espace d’archives. De nombreux documents lui permettent, par exemple, de se plonger dans la création des Rendez-vous d’Anna (1978), film narrant l’errance dans Paris d’une jeune artiste allemande, alter ego de la réalisatrice ; dans celle du Marteau (1985-1986), avec Jean-Luc Vilmouth, artiste-enseignant à l’École nationale supérieure des beaux-arts ; dans celle des Golden Eighties (1986), premier tournage parisien d’Akerman bien que réalisé intégralement en studio.

Et même si les liens de la Belge à Paris semblent sous-tendre toute cette exposition, ses relations avec son pays natal ne sont pas défaites pour autant, et cet ensemble forme un passionnant enchevêtrement. L’exposition est à découvrir jusqu’au 19 janvier.