Ce jeudi 7 et vendredi 8 novembre se tiendra à Lyon un colloque international intitulé « Porte et Seuil dans les arts et les médias, quand la création et l’imaginaire se jouent du passage ». Organisées par le chercheur en histoire de l’art Cyril Devès, les journées se dérouleront au Musée des Beaux-Arts pour la première et à l’École de dessin Émile Cohl pour la seconde.
Il y a un peu plus d’un an maintenant, le Musée des Moulages de l’Université Lumière Lyon 2 lançait un appel aux dons pour entamer la restauration d’un moulage capital de ses réserves. Soutenue par la Fondation du patrimoine qui, pour chaque euro collecté, a versé 1 €, cette levée de fonds a permis de remettre en état le moulage de la Porte du Paradis de Lorenzo Ghiberti réalisé par l’École des Beaux-Arts de Paris en 1841. Cette reproduction de la porte en bronze qui ornait l’entrée est du baptistère de Florence avant d’être installée au Museo dell’Opera del Duomo était en effet fragmentée et plusieurs de ses parties étaient considérablement abîmées. La restauration de cette œuvre majeure de la Renaissance italienne ainsi que son installation dans une scénographie entièrement repensée pour l’accueillir sont au départ de ce colloque.
Dans son essai intitulé Le tableau dans le tableau, André Chastel retrace les différents usages d’objets qui, cadrant un morceau d’espace à l’intérieur d’un tableau, disent quelque chose de la représentation telle que les peintres qu’il étudie la conçoivent. Ces objets devenus motifs sont chez l’historien au nombre de trois : le miroir, la baie ouverte et le tableau. Mais, dans l’édition qu’en propose Flammarion depuis 2012, Le tableau dans le tableau est suivi d’un autre texte, lui aussi extrait de l’ouvrage Fables, Formes, Figures paru aux mêmes éditions en 1978 : La figure dans l’encadrement de la porte chez Velásquez. Étudiant le traitement de la figure lorsqu’elle est placée dans l’encadrement d’une porte chez le peintre espagnol, Chastel cherche à comprendre, au-delà du symbolisme de la porte comme baie ouverte, celui du seuil.
C’est aussi à la porte comme espace entre deux qu’entendent s’affronter les différents intervenants du colloque mais, là où Chastel l’étudiait dans la peinture du XVe au XXe siècle, ils l’aborderont dans le cadre de l’architecture du XVIIIe (celle par exemple de Claude-Nicolas Ledoux), de la littérature du XXe (entre autres celle d’Yves Bonnefoy) ou de l’art contemporain. Ainsi, il y sera moins question de porte révélant la présence d’un personnage qui, pris entre deux espaces, fait figure d’apparition mystique que de seuil ouvrant sur les utopies sociétales de la Cité idéale de Ledoux. Il ne s’agira pas tant de portes ouvrant sur l’extérieur pour situer une scène dans un espace-temps précis que de seuil s’affirmant comme espace d’illusion selon le titre d’un des recueils de Bonnefoy Le leurre du seuil. Et à la porte encadrant une figure comme énième incarnation du tableau dans le tableau, il faudra substituer la porte comme élément de scénographie dans l’espace même du musée d’aujourd’hui.
Adaptant les questionnements de Chastel à leur discipline, les intervenants exposeront les différents sens de cet objet toujours actuel. Passage vers un ailleurs ou révélation de l’intime, le seuil comme frontière ouverte ou fermée véhicule en effet des représentations personnelles et collectives qui transcendent les disciplines. Pour découvrir ses spécificités selon qu’il s’incarne en « instrument plastique » pour reprendre la terminologie de Chastel, en dispositif scénographique ou en élément narratif, il est conseillé de réserver sa place ici.