faire corps à la Fondation Villa Datris

faire corps à la Fondation Villa Datris
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Faire corps. Faire corps avec notre temps, faire corps avec notre époque, faire corps avec ceux que nous aimons, faire corps avec le monde. Pas de vie humaine incarnée sans le corps, notre compagnon exclusif de chaque instant. Pour Danièle Marcovici, fondatrice généreuse et présidente engagée de la Fondation Villa Datris, le corps est « un sujet intemporel et universel, qui reste le symbole concret des états d’âme du monde et le reflet de nos sociétés. Faire corps, c’est évoquer les hommes et les femmes dans leur diversité. »

Merveilleuse exposition qui réunit 86 œuvres de 66 artistes dans la Villa et ses jardins, dans un agencement plein de poésie privilégiant la sculpture contemporaine (mais aussi la vidéo, celle d’Ana Mendieta notamment), elle invite au regard lent, haptique, pensif, mais aussi amusé, admiratif toujours, que le corps soit matière vulnérable, comme l’évoque la sculpture de Hans Op de Beeck, ou mouvement ludique, comme la série des Vénus de Laurent Perbos. Intitulées La beauté et le geste, les corps des Vénus de Perbos allient la beauté de celle dite de Milo avec le geste sportif, dynamique, pleinement incarné du corps féminin. Réplique de celles installées à l’occasion des Jeux Olympiques de 2024 sur les marches de l’Assemblée nationale au Palais Bourbon, les Vénus de Perbos réunissent – ce qui est rare – la parfaite accessibilité de l’œuvre à tous les publics, la beauté, la fraîcheur et une inclusivité des plus intelligentes.

 

Abdul Rahman Katanani, Girl playing.

 

Deux œuvres particulièrement émouvantes dans les escaliers qui montent aux étages – ces escaliers que Bruno Bettelheim définit comme « espaces intermédiaires » où peuvent se dire des choses difficiles à avouer ailleurs : l’œuvre d’Abdul Rahman Katanani, Girl playing, et celle de Javier Pérez, Médula.

Girl playing est emblématique de la position de l’artiste : il s’agit de prendre acte du réel d’une part et de maintenir la capacité à jouer de l’autre. Prendre acte du réel, c’est reconnaître que des millions d’enfants souffrent de par le monde. Et pourtant ces enfants, quoi qu’il arrive, continuent de jouer, c’est-à-dire de vivre. Jouer c’est inventer, imaginer, créer, espérer. C’est s’obliger à la joie. Et, en sautant au trampoline, hors de toute gravité, la petite fille oublie l’espace d’un instant que les chutes sont toujours douloureuses, surtout quand le trampoline est en fil de fer barbelé. L’art, c’est aussi cet envol au-dessus du réel : un bonheur suspendu.

Médula figure la fusion de l’humain et du végétal : une colonne vertébrale verticale, et pourtant si fragile, poursuit sa vie par ses racines et les branchages qui en émanent. Un hymne à la vie, la vie globale, qui se poursuit toujours en dépit de, voire avec, toutes les morts individuelles. Délicatesse et poésie de l’impermanence…

 

Javier Pérez, Médula.

 

Et encore, bien sûr, Niki de Saint Phalle. Une magnifique collection de joyaux créatifs de l’artiste iconique du corps féminin qui nous rappelle, si cela était nécessaire, que Danièle Marcovici œuvre continuellement pour les femmes, pour leur créativité, leur puissance et leur liberté.

L’exposition est à voir jusqu’au 3 novembre 2024