Arte Povera à la Bourse de Commerce

Arte Povera à la Bourse de Commerce
Michelangelo Pistoletto, Venere degli stracci, 1967, reproduction de Vénus en ciment recouvert de mica et de chiffons, 150 × 280 × 100 cm (installation). Courtesy du Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Rivoli-Turin. Prêt de la Fondazione per l’Arte Moderna e Contemporanea CRT.
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Dans un peu plus d’une semaine, le 9 octobre, s’ouvrira l’exposition Arte Povera. Organisée à la Bourse de Commerce et, puisant largement dans son fonds, elle réunira plus de 250 œuvres des pionniers de ce courant historique.

Après l’exposition « Renverser ses yeux » organisée par le Jeu de Paume et le Bal fin 2022 et les différents solo shows dédiés à certains acteurs du mouvement en 2023 (Giuseppe Penone au Centre Pompidou, Michelangelo Pistoletto au Palais Iéna ou Pier Paolo Calzolari au Nouveau Musée National de Monaco), c’est donc au tour de la Fondation Pinault de consacrer une exposition à ce courant italien né en réaction à l’hégémonie de l’art américain dans les années soixante.

Sous le commissariat de Carolyn Christov-Bakargiev, spécialiste du mouvement ayant montré le travail de Penone à la 16e Biennale de Sidney et celui de Giovanni Anselmo lors de la 14e Biennale d’Istanbul, l’exposition présentera la démarche de treize artistes majeurs de l’Arte Povera : Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario Merz, Marisa Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto, Emilio Prini et Gilberto Zorio.

À travers leurs œuvres composées de matériaux naturels (Giovanni Anselmo emploie un énorme bloc de granit pour son œuvre Direzione) ou urbains (Gilberto Zorio réalise son dispositif lumineux Confine incandescente avec du nichrome) utilisés de la façon la plus simple, le public pourra saisir la spécificité de ce courant opposé à la futilité de l’expérience consumériste de la société industrielle. Face aux techniques ordinaires empruntées tout aussi bien à la sphère domestique (dans Catasta, Alighiero Boetti empile douze blocs en Eternit comme autant de bûches pour l’allumage d’un feu de cheminée) qu’artisanale (avec son Senza titolo, Marisa Merz propose une broderie de cuivre), il comprendra l’ambition de ces installations élémentaires conçues pour établir un rapport concret au réel et une relation au monde placée sous le signe de l’authenticité.

Mais la spécificité de cette exposition pilotée par l’ancienne directrice du Castello de Rivoli, haut lieu de l’Arte Povera tourné vers les pratiques les plus récentes, est également de montrer l’influence qu’ont eue ses acteurs sur la scène contemporaine. Ainsi, seront mis en regard des œuvres des pionniers du mouvement et celles d’artistes internationaux d’aujourd’hui tels Anna Boghiguian, Jimmie Durham, David Hammons, D Harding, Pierre Huyghe, William Kentridge, Agniezska Kurant, Renato Leotta, Otobong NKanga, Grazia Toderi, Garcia Torres et Adrián Villar Rojas.

Cependant, si l’exposition insiste sur l’actualité des innovations apportées par l’Arte Povera dans le champ de l’art aussi bien d’un point de vue conceptuel (la fusion entre nature et culture affirmée dès l’entrée du bâtiment avec l’œuvre de Penone intitulée Idee di pietra – 1532 kg di luce) que plastique (le principe de l’installation incarné par la galerie 6 transformée en Casa ideale de Calzolari), elle entend aussi montrer à quel point cette avant-garde ne se situait pas du côté de la seule rupture. L’intérêt porté à la tradition artistique sera ainsi visible dans la Venere degli stracci, une reproduction de Vénus en ciment recouvert de mica et de chiffons créé par Pistoletto en 1967, ou encore à travers L’invenzione di Ingres qui, comme son nom l’indique, témoigne de la connaissance intime que Paolini avait du peintre français lors de la réalisation de cette photographie imprimée sur toile en 1968.

Très ambitieuse, l’exposition est à découvrir jusqu’au 20 janvier 2025.