Du 4 juillet au 1er septembre 2024, la galerie Analix Forever présente « THIN PEACE », une exposition monographique du photographe finlandais Tuomo Manninen. Spécialiste des portraits de groupe, l’artiste dévoile des photographies de grand format, carrées, issues de ses nouvelles séries réalisées à Sarajevo et Belfast, ainsi qu’à Téhéran, Soweto, Phnom Penh et Myanmar. Ses œuvres mettent en lumière diverses populations du monde ayant connu ou connaissant des traumatismes et des conflits dans leur pays. « THIN PEACE » nous invite à ressentir la paix – sans filtre ni artifice – à travers l’union et la cohésion des groupes.
« ME/WE » : vous et moi, moi et vous – ensemble nous sommes
Entre photographie documentaire et témoignage visuel, Tuomo Manninen présente, pour « THIN PEACE », des photographies prises dans des lieux marqués par la guerre et les tensions sociales. Mais, pour Manninen, la paix n’est pas seulement politique ou économique, elle est avant tout relationnelle, synonyme de vivre-ensemble. Ainsi, l’artiste capture la complicité des groupes, loin des divisions et des conflits, en immortalisant des moments de vie et de partages autour d’intérêts communs.
La photographie Mohsen Tattoo Studio Sadenghie, par exemple, prise à Téhéran (2019) dans un salon de tatouage discret et éloigné de toute visibilité publique, révèle une part cachée de l’Iran. Dans un pays où la possession d’un tatouage et la pratique du métier de tatoueur sont réprimées, Manninen met en lumière la liberté de ses sujets à contourner les mœurs de leur société.
THIN PEACE : une paix individuelle et collective
Pour que la paix soit partagée, elle doit d’abord être individuelle. L’œuvre The Museum of Crimes Against Humanity and Genocide 1992-1995, Sarajevo (2024) offre un témoignage visuel et textuel de l’union mondiale face à une dure réalité. Au premier plan, des centaines de messages sur des post-it accrochés aux murs du musée. Parmi eux figurent à la fois des cris de révolte comme « You kill us in different ways and places », des appels à la liberté tels que « Free Palestine » et des messages de paix : « Peace at home, peace in the world ». Mises en perspective dans cet ensemble étrange, les femmes photographiées – les gardiennes du musée – incarnent l’importance du contact et de l’échange humain face aux situations conflictuelles auxquelles elles sont confrontées quotidiennement.
L’art de la perspective, la concentration du regard
La démarche artistique de Tuomo Manninen reposant sur trois principes fondamentaux, des portraits de groupe en pied, une composition frontale et un format carré, elle permet au regard de se concentrer immédiatement sur les sujets. La photographie Young Dandies, Mofolo Park, Soweto (2011) capture les portraits pleins de fierté et de nonchalance des dandys de Soweto.
L’œuvre Belfast Pride, Union Street (2024) ), reproduite dans la bannière de cet article, fusionne perspective, lumière et couleur. Au premier plan, la posture du jeune homme, légèrement inclinée, ouvre la scène et guide naturellement notre regard vers le groupe en arrière-plan. Sur le mur, le drapeau LGBTQ+ agit comme un point lumineux, contrastant avec les tons plus ternes du décor. L’art de Tuomo Manninen, intemporel, offre à chaque nouveau regard une source infinie de découvertes visuelles et culturelles. Aucun au-delà de l’image n’est nécessaire : tout est révélé dans la photographie elle-même grâce à un formidable travail sur l’instantanéité (Manninen ne produit à chaque fois qu’un seul cliché) et sur les contrastes de luminosité (le photographe utilise de nombreux flashs pour mettre les ombres en lumière…).
L’exposition « THIN PEACE » ouvre une fenêtre sur le monde et offre un nouveau regard sur la connaissance de l’« autre ». À travers un sentiment de solidarité, d’échange et de complicité entre les sujets eux-mêmes, mais aussi entre les sujets, l’artiste et les spectateurs, les œuvres de Tuomo Manninen représentent la possibilité d’une paix universelle – à petite échelle certes, et « mince », friable, précaire – mais bien présente. Comme un Plateau d’Humanité.
