À l’occasion d’un nouvel aménagement de l’immeuble des Bons Enfants, siège du ministère de la Culture, la jeune artiste Marianne Mispelaëre a réalisé une performance qui pousse à la réflexion sur les actes et leurs conséquences.
Cette artiste française contemporaine s’est fait connaître ces dernières années grâce à ses expositions dans les plus grandes galeries d’art et institutions publiques. Le Palais de Tokyo à Paris par exemple a accueilli une de ses installations à grande échelle présentant trois architectures ou éléments patrimoniaux détruits pour des raisons idéologiques. Grâce à cette exposition en 2018 nommée On vit qu’il n’y avait plus rien à voir, elle fait partie de ces artistes qui prennent position contre la destruction du patrimoine.
La performance de Mispelaëre sur le site des Bons Enfants est la quatorzième d’une série réalisée selon un même protocole précis. Il s’agit de tracer régulièrement au pinceau des lignes d’une minute chacune (signalée par un bip dans un casque qu’elle seule entend) sans interruption jusqu’à ce qu’il soit impossible de continuer. L’artiste elle-même décrit sa performance comme “le dessin [qui] se construit, ligne après ligne, minute après minute, sans arrêt ni reprise, à l’échelle de mon corps”. De là naissent des lignes, les unes à côté des autres, certaines bien droites et d’autres plus courbées, inscrites à l’encre de chine.
Cette performance laisse deviner la contagion entre l’action et son environnement. En effet, dans son œuvre, chaque ligne naît d’un acte qui diffère selon ce que perçoit et ressent Mispelaëre au sein d’une salle, d’une exposition… Ceci pourrait ainsi expliquer l’importance du processus de création.
Le processus de recherche de Mispelaëre se concentre sur les moyens de cette création, ses enjeux et ses conséquences. Cependant, les disparitions, les aveuglements, les silences font aussi partie de son œuvre, et c’est ce qui la rend si impressionnante. Elle sera visible jusqu’au 31 décembre 2025 et s’inscrira dans la collection du Centre national des arts plastiques (CNAP) tout comme les œuvres attendues pour la commande La ville comme maison présentée dans ce précédent article.