Tout commence en octobre 2019 lorsque l’artiste connu sous le pseudonyme de JR reçoit un accès sans précédent pour réaliser un projet artistique dans l’une des prisons de haute sécurité des États-Unis : Tehachapi. Un groupe de 28 prisonniers se portent volontaires pour créer, ensemble, une immense fresque dans la cour de leur prison. Le documentaire réalisé par le photographe lui-même met en lumière leurs vies derrière les barreaux, où l’art devient une force unificatrice et porteuse d’espoir.
Né à Paris en 1983, JR s’impose dans le monde du Street Art grâce à la technique du collage photographique qu’il expose librement dans l’espace public grâce à des collages. Travaillant sur des formats monumentaux, JR éparpille ses œuvres dans différents pays du monde (Mexique, Israël, Brésil…). Il se définit lui-même comme un “activiste urbain” par ses collages tant esthétiques que polémiques, comme c’est le cas dans ce dernier documentaire sur les détenus du système carcéral étasunien.
Son art et notamment ses portraits peuvent être qualifiés de “révélateurs d’humanité” selon la journaliste Martine Valo, un talent qu’il met au service des prisonniers de Tehachapi. Dans cette prison, de nombreux hommes ont été incarcérés à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils étaient encore mineurs. Les 28 prisonniers impliqués dans ce projet témoignent de l’histoire de leur vie et, malgré leurs différences, ils sont tous mus par une même quête : celle de la rédemption.
Plus qu’un simple documentaire, JR filme une aventure humaine : depuis le ciel, la cour de la prison laisse place à leurs visages photographiés en noir et blanc qui révèlent des regards profonds scrutant le ciel. Ce trompe-l’œil conçu par JR est le fruit de plusieurs jours de collage réalisé par le photographe, son équipe et les 28 détenus. Lors de journées de travail, JR, les prisonniers et même les gardiens ont tissé des liens forts. Cet artiste, habitué à produire des œuvres qui cassent les barrières entre le créateur et le spectateur, aime que son art produise un impact. Ici, il touche le spectateur en exposant simultanément la dureté de la réalité de la prison et l’espoir qui gagne les prisonniers.
Ce projet artistique, bien qu’éphémère et fait de colle et de papier, dépasse les limites de la conception de l’art la plus répandue. Le photographe lui-même a été transformé par cette expérience qu’il partage avec le spectateur par ces paroles : “l’art ne peut peut-être pas changer le monde, mais j’ai compris que l’art pouvait changer des vies”.
Aujourd’hui encore, JR continue à mener des projets dans cette prison et garde des liens avec les premiers participants ; ces derniers ont témoigné de leur histoire sur l’application JR. Pour les Parisiens, il est par ailleurs possible de voir quelques-unes des œuvres de l’artiste réunies pour l’exposition Dans La Lumière que la Galerie Perrotin présente jusqu’au 27 juillet. Elles sont inspirées de Chiroptera, un ballet monumental présenté devant le Palais Garnier en novembre 2023.