À l’occasion du projet du Musée d’Orsay « la polyphonie d’Orsay » qui vise à mélanger différentes œuvres sans les hiérarchiser, la jeune artiste Nathanaëlle Herbelin expose certains de ses tableaux depuis mi-mars pour l’exposition Être ici est une splendeur dans la salle dédiée aux peintres nabis.
Formée aux Beaux-Arts de Paris, cette artiste franco-israélienne admire depuis l’enfance les peintres nabis comme Pierre Bonnard, Édouard Vuillard ou encore Félix Vallotton exposés au Musée d’Orsay. Les membres de ce groupe, formé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, l’inspirent par leur façon de percevoir et de représenter le réel.
Né en marge de la peinture académique, le mouvement postimpressionniste nabi se forme autour de Paul Sérusier suite à la controverse suscitée par son tableau devenu célèbre Le Talisman, L’Aven au Bois d’Amour. Ce tableau, peint en respectant les conseils de Paul Gauguin, deviendra le manifeste de ce mouvement : les couleurs sont vives et pures et la réalité mythifiée par le regard du peintre. Les artistes de ce mouvement ont le désir de libérer leur peinture des exigences du réalisme afin de retrouver le caractère sacré de la peinture (Nabi vient de l’hébreu et signifie « prophète »).
La peinture de Nathanaëlle Herbelin reprend les sujets simples représentés par ces peintres. Son travail s’inspire de la vie quotidienne par des scènes ancrées dans la réalité où les paysages domestiques, l’intimité dévoilée, mêlent, à la manière des nabis, le personnel et l’universel grâce à la touche subtile de sa palette chromatique.
Cependant, cette artiste montre une réalité bien particulière et propre à son temps. Certaines toiles invitent à la réflexion sur le genre, le couple, le plaisir féminin ou encore la pilosité comme c’est le cas avec l’œuvre Pince à épiler (2020). Elle reprend les thèmes de prédilection des peintres de ce mouvement pour en faire des peintures actuelles. C’est le cas par exemple de l’œuvre Jérémy au bain, qui rappelle les toiles dans des salles de bains de Bonnard, pourtant différente par la présence d’un homme et non d’une femme dans la baignoire. Par ailleurs, certains détails (comme un téléphone ou un ordinateur) font écho chez le visiteur à la réalité d’aujourd’hui.
Grâce aux deux commissaires d’exposition Christophe Leribault (président des musées d’Orsay et de l’Orangerie) et Nicolas Gausserand (conseiller du président en charge des questions internationales et des programmes contemporains), les œuvres de Nathanaëlle Herbelin dialoguent avec celles de ses prédécesseurs, sans heurt ni sentiment de pastiche, portées par un univers sensible et singulier.
Il est possible de profiter des derniers jours de l’exposition Être ici est une splendeur qui se termine ce dimanche. Les toiles de cette artiste restent par ailleurs visibles dans différents lieux d’exposition comme la Galerie Jousse Entreprise à Paris. Enfin, un livre paru chez Dilecta et réunissant des textes d’Emanuele Coccia, de Henry-Claude Cousseau, de Loïc Le Gall, d’Anaël Pigeat ainsi qu’un entretien avec l’artiste mené par Guslagie Malanda est également toujours disponible.