Ce vendredi 21 juin, à l’occasion de la fête de la musique, la tapisserie des Jeux Olympiques sera enfin révélée au public parisien. La réalisation de l’artiste franco-iranienne Marjane Satrapi sera en effet exposée place de la Concorde sur la façade de l’hôtel de la Marine.
Composition du carton
Le dessin de la tapisserie a donc été confié à Satrapi, l’auteur de la célèbre bande dessinée Persepolis, également récompensée au festival d’Angoulême 2004 pour sa BD Poulet aux prunes. Connue, Satrapi l’est aussi pour ses films. Son dessin animé Persepolis a ainsi été primé à Cannes en 2007 et aux César de 2008. Mais Satrapi, on le sait moins, est également peintre et ce sont ses compétences d’artiste plasticienne travaillant avec de grands aplats colorés qu’elle a mobilisées pour réaliser le carton que les teinturiers et lissières ont ensuite eu à transformer en tapisserie. La destination finale de la tapisserie a néanmoins demandé à l’artiste d’accorder sa créativité à un cahier des charges relativement précis. Il fallait par exemple que domine le bleu, que la ville de Paris, comme le monde, soit symbolisée et que la parité homme femme et les nouvelles disciplines olympiques soient représentées.
Réalisation de la tapisserie
Le temps imparti à la réalisation de cette tapisserie de 9,50 mètres de long par 3,40 mètres de haut a également exigé d’imaginer une œuvre en trois parties. En effet, bien que le projet ait été lancé dès 2021 lors de l’inauguration de l’Olympiade culturelle, il a fallu diviser la fabrication entre trois ateliers afin que les huit lissières mobilisées puissent achever la tenture dans les temps. L’atelier de la manufacture de Beauvais a tissé la partie gauche, son atelier de Paris la partie droite tandis que les artisans des Gobelins ont effectué la partie centrale. En amont du travail des licières, il a fallu que les teinturiers du Mobilier national choisissent, parmi les 16 000 couleurs de leur nuancier, les teintes les plus proches de celles utilisées par l’artiste, qu’ils en créent de nouvelles et qu’ils teignent les 60 kg de laine nécessaires à la confection de la tapisserie.
Une tradition au goût du jour
Créer une tapisserie afin de commémorer les grands événements est une tradition française comme en témoigne la réalisation de la tenture de la vie de la Vierge pour célébrer la consécration de la France à la Vierge par Louis XVIII en 1638. Dans le cadre précis de ces JO 2024, elle est l’occasion, en l’associant à une créatrice contemporaine, de mettre en lumière cet artisanat peu connu. C’est aussi une façon de lier ce savoir-faire séculaire aux valeurs actuelles de notre pays puisque, comme l’a rappelé le directeur du Mobilier national Hervé Lemoine, le choix de confier la réalisation de la tapisserie des JO à Satrapi n’est pas sans lien avec « les valeurs de l’universalisme d’une part, les valeurs françaises d’autre part » que portent sa réflexion et son discours.
Après son passage place de la Concorde transformée en parc urbain pour accueillir les épreuves olympiques de skateboard et de breaking, la tapisserie rejoindra les collections du Musée national du Sport à Nice à la fin des compétitions.