Berthe Morisot à Nice. Escales impressionnistes

Berthe Morisot à Nice. Escales impressionnistes
Berthe Morisot, Sous l'oranger 1889, huile sur toile, 54,6 x 65,7 cm, Kansas City, Nelson-Atkins Museum of Art © Image courtesy Nelson-Atkins Media Services, Gabe Hopkins
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À l’occasion de la célébration des 150 ans de l’impressionnisme, le musée des Beaux-Arts Jules Chéret de Nice présente du 7 juin au 29 septembre une exposition consacrée à Berthe Morisot, pionnière féminine de l’impressionnisme.

Berthe Morisot (1841-1895), initiée dès l’adolescence au dessin et formée à la peinture, notamment par Corot, se fait reconnaître en tant que peintre dès sa première candidature au Salon officiel de 1864. Bien que femme, elle vit entourée d’artistes grâce aux dîners organisés quotidiennement par sa mère et participe ainsi aux avancées de son époque. Elle acquiert son autonomie en 1868 et devient un des modèles privilégiés d’Édouard Manet qu’elle admire. Très proche de lui, sa peinture s’en inspire. Cependant, progressivement, à travers des dialogues picturaux avec le grand moderniste qui reconnaît son talent, elle s’en détache. En 1874, année de son mariage avec Eugène Manet, frère du peintre, elle participe à la première exposition impressionniste organisée par Claude Monet. Elle est la seule femme. Malgré les mises en garde et les critiques dont elle fait l’objet, elle persiste dans cette voie. Quelques années plus tard, Mary Cassatt et Marie Bracquemond la rejoignent, magnifiant la peinture de plein air. À partir de 1880, Berthe Morisot, devenue mère, et son mari quittent Paris pour de longues périodes. Lors des hivers de 1881-1882 et 1888-1889, c’est à Nice qu’ils résident, lieu qui inspire à Berthe Morisot un grand nombre de toiles. Ce sont les œuvres réalisées lors de ces séjours que l’exposition du musée des Beaux-Arts Jules Chéret met à l’honneur.

Les commissaires d’exposition, Johanne Lindskog et Marianne Mathieu, assistées de Jeanne Pillon, explorent ainsi un moment de vie de la célèbre artiste. Une soixantaine d’œuvres, prêtées par de grands musées français ou étrangers (le musée d’Orsay, le musée Marmottan Monet, le Palais Princier de Monaco, le Nelson Atkins Museum de Kansas City, le musée national de Stockholm), plusieurs musées des Beaux-Arts ainsi que des collections privées du monde entier, offrent ainsi au regardeur un panorama de grand ampleur.

L’exposition est structurée autour de 7 séquences aux titres didactiques. La première renvoie au premier séjour de la famille Morisot. Malgré certaines toiles qui témoignent de quelques escapades dans les terres de l’arrière-pays, c’est Nice en tant que station méditerranéenne qui séduit l’artiste. Les œuvres évoquent surtout l’eau autour du port, le long des maisons qui l’entourent, les bateaux, mais aussi la plage, les bains, la promenade, le casino.

Trois séquences sont consacrées au deuxième séjour. L’une l’aborde de façon intime. Elle met en scène une relation mère-fille particulière, une maman peignant, une petite fille l’imitant, ce dont témoignent des rapprochements entre des productions de Julie et de sa mère, mais aussi des œuvres de Berthe Morisot qui immortalise ces moments à deux ou prend sa fille seule pour modèle. La deuxième s’attarde sur l’environnement qu’offre la villa Ratti. Les œuvres regroupées suggèrent sa façade, ses orangers, sa végétation qui devient un nouveau sujet à travailler même hors les murs de ce lieu de villégiature. Enfin, une dernière séquence consacrée à ce deuxième séjour fait découvrir que la plupart des œuvres connues de Nice devaient être transposées en gravure pour répondre à la demande d’illustration de poèmes par Mallarmé.

L’exposition s’applique aussi à montrer que, même à Paris, le Sud reste cher à Berthe Morisot. Une nouvelle séquence donne ainsi l’occasion, à travers une scénographie fidèle à l’architecture de l’appartement de l’artiste, d’admirer le tableau Les Villas à Bordighera offert par Monet après son séjour sur la Riviera en 1884.

Berthe Morisot aimait la Riviera. Sa fille a repris le flambeau ; une séquence présente ses toiles ainsi que celles de ses amis de l’époque, comme Renoir qui s’était installé sur la côte. D’autres femmes peintres ont également eu un lien à la Riviera et la dernière séquence leur rend hommage. Sont ainsi présentées les œuvres de l’impressionniste Mary Cassatt, mais aussi des représentantes d’autres courants comme Marie Bashkirtseff, Eva Gonzalès, Amélie Beaury-Saurel, Louise Breslau ou Anna Nordgren.

Logiquement installé à Nice pour été, cet hommage à Berthe Morisot se poursuivra au Palazzo Ducale de Gênes du 11 octobre au 23 février 2025.