La semaine dernière se tenait le jury du Prix Art Éco-Conception. Doté de 1000 euros pour chaque artiste primé, ce prix a pour but d’accompagner les créateurs dans la réduction de l’impact environnemental de leurs productions par le biais d’une formation de trois jours en éco-conception. Soutenu par le ministère de la Culture et par l’Agence de la Transition Écologique, il constitue un véritable label artistique écoresponsable tel que Pierre Monjaret l’avait anticipé dans son œuvre « Lettre à Madame la Ministre de la Culture ».
Initié par l’association œuvrant en faveur des bonnes relations entre art et environnement Art of Change 21 en partenariat avec le Palais de Tokyo qui accueille les sessions de formation, ce prix se donne pour mission de sensibiliser la scène artistique française aux enjeux climatiques. Son jury, composé de neuf personnes, comptait donc des personnalités engagées sur ce terrain. Nous pouvons citer Alice Audouin, la fondatrice d’Art of Change 21, Guillaume Désanges, le président du Palais de Tokyo à l’initiative du programme « Palais Durable », Julie Crenn, une critique et commissaire accompagnant notamment des artistes se définissant comme éco-féministes, ou encore Fabien Vallerian, le directeur Art et Culture de Ruinart qui, dans un entretien donné à notre partenaire Les Carnets du Luxe, rappelait l’engagement en faveur de l’art et de l’écologie de cette Maison de Champagne.
Sur les 356 dossiers reçus pour cette deuxième édition, les membres du jury ont retenu ceux de douze artistes majoritairement trentenaires, la plus jeune, Alice Magne, ayant 26 ans quand le plus âgé, Adrien Vescovi, en a 43. Ils ont choisi de respecter une certaine parité entre hommes et femmes et retenu des candidatures de collectifs comme Ittah Yoda (formé de Virgile Ittah et Kai Yoda) et Ouazzani Carrier (composé de Marie Ouazzani et de Nicolas Carrier). À l’image de ces duos fondés sur la rencontre de deux pratiques, les membres du jury ont sélectionné des démarches diverses : Assoukrou Aké est peintre et sculpteur, Jonathan Potana écrit des poèmes, Desire Moheb-Zandi réalise des œuvres textiles. Ils ont favorisé des artistes qui, tout en n’étant pas nécessairement très connus, sont reconnus par le milieu de l’art. Lélia Demoisy travaille ainsi avec la galerie By Lara Sedbon depuis 2019 quand Victor Cord’homme a été invité à concevoir les vitrines de la Maison Hermès Shanghai en 2020. Enfin, ils ont surtout encouragé des artistes déjà très intéressés par les questions écologiques et la place de l’humain dans le monde à venir comme en témoignent les nominations de Julia Gault, Amandine Arcelli ou Alizée Armet.
Si, comme ces dernières, les artistes sélectionnés cette année prennent pour sujet la manière dont les hommes interagissent et modifient leur environnement, les sessions de formation auxquelles ils assisteront les 24 avril, 16 mai et 7 juin 2024 les inviteront à repenser concrètement leurs pratiques artistiques dans cette orientation. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, parmi la douzaine de formateurs invités à partager leur expérience dans le cadre de ce programme, plusieurs sont à la fois artistes et scientifiques. C’est le cas, par exemple, de Marie-Sarah Adenis, artiste et biologiste, ou de Fabien Léaustic, plasticien diplômé d’une école d’ingénierie.