Dans le cadre de son action territoriale, le ministère de la Culture a récemment annoncé la liste des expositions organisées par les musées français à qui il attribue son label « Exposition d’intérêt national ». Ce label, dont l’effet consiste à mettre en lumière des expositions se distinguant par leur originalité et par le caractère innovant de leurs actions de médiation, existe depuis 1999. Largement distribué en 2024 avec quelque 27 expositions certifiées, il répond aux critères de notre époque, mais pas seulement.
Il faut tout d’abord noter qu’à l’exception de l’exposition d’histoire naturelle Migrations du vivant au Muséum de Bordeaux (novembre 2024 – mars 2025), de l’exposition d’archéologie Éthiopie, la vallée des stèles au musée Fenaille de Rodez (15 juin – 3 novembre 2024) et de l’exposition portant sur un fait d’actualité Vanuatu : pouvoirs des femmes au muséum d’histoire naturelle de La Rochelle (18 octobre 2024 – 21 septembre 2025), les expositions labélisées sont, soit des expositions d’histoire, soit des expositions d’art ou d’artisanat.
Les expositions historiques, minoritaires, sont au nombre de trois. François Ier, un roi cognaçais au musée d’art et d’histoire de Cognac (7 juin – 1er décembre 2024), Escale en Méditerranée romaine. Le port antique de Narbonne au Narbo Via de Narbonne (13 juin 2024 – 5 janvier 2025), ou encore Cathares. Toulouse dans la croisade au musée Saint-Raymond de Toulouse (5 avril 2024 – 5 janvier 2025) ; elles ont en commun d’envisager l’histoire sous un prisme régionaliste lié à l’implantation des musées d’accueil.
Les expositions artistiques sont plus nombreuses. Certaines, comme Les Modernes, la peinture réunionnaise de 1925 à 1946, organisée au musée Léon Dierx de Saint-Denis à La Réunion (27 octobre 2023 – 12 mai 2024), s’inscrivent également dans cet ancrage territorial mais la plupart sont, soit des expositions monographiques, soit des expositions collectives répondant à une thématique.
Parmi les monographies, sont labélisées des expositions consacrées à des peintres : Zurbarán. Une icône du Siècle d’or au musée des beaux-arts de Lyon (4 décembre 2024 – 2 mars 2025), Eugène Carrière (1849-1906), de tendresse et d’amitié au musée des Avelines de Saint-Cloud (17 octobre 2024 – 16 février 2025) et Jean Daret Peintre du roi en Provence au musée Granet d’Aix-en-Provence (15 juin – 29 septembre 2024). Sont également récompensées des expositions dédiées à des sculptrices : Camille Claudel à l’œuvre : Sakountala au musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine (14 septembre 2024 – 12 janvier 2025) et Marisa Merz au LaM, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Villeneuve d’Ascq, (3 mai – 22 septembre 2024). Le label a aussi été attribué à l’exposition Lise Deharme, la femme surréaliste organisée au musée de la Chalosse de Montfort-en-Chalosse (1er avril – 31 octobre 2024) et à l’exposition André Charles Boulle présentée au musée Condé de Chantilly (8 juin – 6 octobre 2024). Ainsi, outre des pratiques relevant des arts traditionnels (peinture et sculpture), le ministère de la Culture met à l’honneur l’écriture et l’artisanat.
On remarquera que les deux expositions consacrées à l’artisanat considérées comme relevant d’un intérêt national par le ministère sont des expositions mettant en valeur la faïence avec Buvons ! La faïence raconte le vin au château musée de Saumur (10 février – 22 septembre 2024) et L’art déco s’invite à table au musée de la faïence de Sarreguemines (24 février – 24 décembre 2024).
Pour ce qui concerne les expositions thématiques artistiques, nous ne sommes pas surpris d’apprendre que l’année des Jeux Olympiques qui a vu se démultiplier les expositions en lien avec cet évènement, le ministère récompense de son label deux expositions portant sur ce thème : COLOSSES. Lutteurs, culturistes et costauds dans les arts visuels au musée Courbet d’Ornans (1er juin – 13 octobre 2024) et Ô Sport, Des jeux pour des dieux au muséo Parc Alésia d’Alise-Sainte-Reine (23 mars – 30 novembre 2024).
On notera aussi les nombreuses certifications d’expositions thématiques témoignant d’un intérêt pour la place des femmes avec les labellisations de À l’œuvre ! Femmes chez les Nabis : Vuillard, Denis, Sérusier… au musée de Pont-Aven (22 juin – 29 septembre 2024), Le Sceptre et la Quenouille. Être femme entre Moyen Âge et Renaissance au musée des beaux-arts de Tours (8 mars – 17 juin 2024). Un prisme féminin présent également dans l’exposition consacrée aux femmes de Vanuatu ainsi que dans l’exposition organisée en hommage à la poétesse Lise Deharme comme le souligne son titre mentionné plus haut.
Également dans l’esprit du temps, on remarquera la labellisation de l’exposition Aérosol. Histoire(s) de graffiti organisée par le musée des beaux-arts de Rennes (14 juin – 22 septembre 2024) qui, comme son titre l’indique, consacre un genre longtemps considéré comme mineur. Par ce choix, le ministère s’inscrit ainsi dans la tendance actuelle visant à reconnaître la low culture.
Moins attendu, on peut constater un intérêt pour l’art allemand avec la labellisation des expositions Maîtres et merveilles. Peintures germaniques des collections françaises 1370-1530 au musée des beaux-arts de Dijon (4 mai – 23 septembre 2024), COULEUR, GLOIRE ET BEAUTE. Peintures germaniques des collections françaises (1420-1536) au musée Unterlinden de Colmar (4 mai – 23 septembre 2024) et MADE IN GERMANY. Peintures germaniques des collections françaises (1500-1550) au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon (4 mai – 23 septembre 2024).
Enfin, on notera trois expositions inclassables mais récompensées : Prédictions. Les artistes face à l’avenir, au musée d’art Thomas-Henry à Cherbourg-en-Cotentin (12 juillet – 16 octobre 2024), Le fait divers : Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse, au MAC VAL de Vitry-sur-Seine (novembre 2024 – mars 2025) et Le Dibbouk, théâtre, cinéma et âmes errantes, au musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris (26 septembre 2024 – 26 janvier 2025).