Fruit d’une concertation entre le ministère de la Culture, la Fédération des promoteurs immobiliers de France et des entrepreneurs de l’immobilier, la charte « 1 immeuble, 1 œuvre » vise à installer des œuvres d’art contemporain sur le territoire français.
Concrètement, il s’agit pour les signataires de commander un projet artistique ou d’acheter une œuvre préexistante d’un artiste vivant au moment du lancement de leurs programmes immobiliers de façon à l’installer dans les bâtiments une fois ces derniers construits ou réhabilités.
En plus de financer la production et l’installation des œuvres, les membres s’engagent à rémunérer correctement l’artiste et à veiller au respect de ses droits, notamment en matière de reproduction et de représentation de son travail.
Lancée en 2015, cette charte qui, à l’origine, comptait seulement 13 adhérents en comptabilise actuellement 80. Aux promoteurs comme Sodearif et sociétés foncières comme Vinci Immobilier se sont ajoutés certains bailleurs sociaux tel Toit et Joie – Poste Habitat. Ainsi, le dispositif, francilien au départ, se décline maintenant dans plusieurs régions.
Il faut dire que le programme est relativement intéressant pour les signataires qui restent de toute façon libres de fixer le montant qu’ils souhaitent y consacrer. En effet, les possibilités se sont, à leur demande, progressivement élargies pour y intégrer, depuis 2019, des œuvres temporaires installées durant les travaux.
Plus de 650 œuvres ont ainsi été installées depuis la création d’« 1 immeuble, 1 œuvre » et plus d’une centaine sont aujourd’hui mises en place chaque année. Implantées sur des façades ou dans des halls d’immeubles mais aussi dans les jardins les entourant, elles peuvent prendre différentes formes comme des dessins, des objets ou des mosaïques. Les peintures murales et les sculptures restent, malgré tout, les formes privilégiées par les artistes et/ou les commanditaires qui passent la commande.
Conçu comme « l’un des piliers de la politique de démocratisation de l’art en France » comme l’annonçait, par l’intermédiaire de son directeur général de la création artistique Christopher Miles, le ministère de la Culture en juin 2023, ce dispositif s’inscrit cependant dans une conception de l’art particulière qui n’est pas unanimement partagée par les artistes.
Les œuvres, souvent décoratives, se doivent en effet de répondre en premier lieu à des enjeux citoyens, et notamment celui, omniprésent dans les discours publics, du « vivre ensemble ». Le lauréat de l’édition 2023 « 1 immeuble, 1 œuvre » en témoigne. Le jury de ce prix, qui distingue tous les deux ans des réalisations dites « exemplaires de ce programme artistique », a en effet choisi de récompenser une œuvre participative puisqu’il s’agit d’une fresque qui, par l’intermédiaire d’un protocole inventé par l’artiste Cécile Jaillard, a été réalisée avec les citoyens.
