Comme chaque année, la galerie Oniris de Rennes clôt sa saison par une exposition collective des quelque trente artistes dont elle défend le travail. Et, comme il faut pouvoir présenter aux côtés des œuvres des artistes exposés durant l’année et de ceux qui le seront l’année prochaine les pièces de créateurs qui n’auront pas été montrés durant ces deux années, ce Christmas Show une fois encore s’organise autour de petits formats.
Au sein de cette nouvelle édition de Petits formats et Œuvres sur Papier qui se tient jusqu’au 20 janvier, se trouvent donc des collages, des eaux-fortes, des lithographies, des gouaches, des aquatintes et des impressions numériques de petites dimensions. Mais, par-delà la multiplicité des techniques, c’est la diversité des propositions qui frappe le regard et prouve, s’il le fallait, qu’une ligne artistique serrée n’interdit pas la variété.
Si l’accrochage sobre met en valeur la cohérence de cette ligne centrée autour de l’art abstrait, le grand nombre d’œuvres souligne la multitude d’univers regroupés sous ce terme.
Quoi de commun, en effet, entre la peinture expressive de Geneviève Asse, son bleu calme, sa ligne délicate, et celle, très matérialiste, d’un Pierre Galopin, artiste tourné vers le faire au point d’inventer ses propres instruments de peintre ?
Comment comparer le rapport à l’image abstraite d’une œuvre s’inscrivant explicitement dans le sillage des papiers découpés de Matisse comme celle de Frédéric Bouffandeau et celui d’une œuvre s’inspirant de l’esthétique numérique propre à Walter Leblanc ?
Quelle relation entre les cercles de Gerhard Doehler et les carrés de Norman Dilworth, entre leurs formes géométriques et les tableaux plus organiques de Didier Mencoboni ? Comment faire le lien entre les formes-signature à l’image de l’osselet peint et repeint par Claude Viallat depuis 70 et l’inventivité débridée d’un Pierre Antoniucci, entre leurs tracés manuels comme ceux d’un Jean-Pierre Pincemin, également exposé, et celui désincarné de Gottfried Honegger ?
Quelle équivalence faire entre les œuvres planes de ce dernier et celles de Carole Rivalin ou de Soo Kyoung Lee introduisant la profondeur au sein de l’abstraction ?
Quels rapports entre la recherche sur la radicalité du trait conduite par Ode Bertrand, celle menée autour de la tension entre les teintes par Aurelie Nemours et celle mêlant lignes et couleurs d’un Alain Clément à travers un travail qui substitue l’expérimentation à l’épure ?
Quelle équivalence faire entre les œuvres logiques de Marie-Thérèse Vacossin, celles de Vera Molnar dans lesquelles le système est aboli par une transformation numérique ou même celles dans lesquelles processus et hasard se combinent comme chez François Morellet ?
Qu’y a-t-il de commun entre la pratique sérieuse d’Yves Popet travaillant l’équilibre de ses formes et couleurs pour les rendre dynamiques et les hommages ironiques, compositions néoplastiques peintes sur des tissus vichy ou écossais, de Nicolas Chardon ?
Rien, absolument rien de commun, si ce n’est une même passion pour l’art et une capacité démultipliée à nous la faire partager.