Les personnes intéressées par l’art et la culture en entendent quelquefois parler, et pour cause, les Micro-Folies sont présentes partout sur le territoire français. À vrai dire, ces dispositifs culturels ayant pour fonction d’implanter l’art et la culture au plus près des habitants dépassent même les frontières de la France puisqu’on en trouve dans d’autres pays d’Europe mais également en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique.
Alors, comment apporter l’art dans les régions ? Le projet, soutenu par l’État, s’appuie sur des innovations technologiques. Les régions peuvent ainsi mettre en place des postes de réalité virtuelle, un espace scénique, un FabLab ou une ludothèque. La formule de base, commune à toutes les Micro-Folies, consiste cependant à mettre à disposition du public un Musée Numérique. Celui-ci peut s’inscrire au sein d’un programme nouveau mais également intégrer une structure culturelle préexistante (médiathèque, centre culturel et social, lieu patrimonial, centre commercial, etc.), ce qui implique alors de s’équiper d’un grand écran et d’un système de sonorisation adapté ainsi que de plusieurs tablettes.
Relativement faciles à mettre en place grâce à l’appui de La Villette qui coordonne les projets, ces dispositifs ont donc l’avantage d’être financièrement accessibles pour des régions qui, on le sait, manquent souvent d’argent. Peu onéreuse, la formule de base (estimée à environ 40 000 € par le Ministère de la Culture) est néanmoins créatrice d’emploi puisque la présence d’un animateur est indispensable pour faire vivre le Musée Numérique. Il s’agit en effet de faire connaître son existence aux différents acteurs du tissu local mais il s’agit surtout de rendre le fonds du musée accessible au public en organisant des rencontres.
Le médiateur réalise ainsi des présentations thématiques à partir d’images d’œuvres prêtées par diverses institutions culturelles. Numérisées en très haute définition, ces images proviennent de musées (le Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée du quai Branly, le Centre Pompidou, le Musée Picasso, le Musée Guimet, le Musée d’Archéologie, le Muséum national d’Histoire naturelle, etc.) et d’autres partenaires publics (la Bibliothèque Nationale de France, le Service interministériel des Archives de France, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, la Cité de la Musique, la Maison de la Danse, le Festival d’Avignon, le Centre national des arts du cirque, le Centre des Monuments Nationaux, le Centre national des Arts plastiques, Radio France, etc.).
Le fonds du Musée Numérique compte, en raison de ces différentes collaborations, de nombreuses œuvres provenant de plusieurs disciplines artistiques. Cependant, seules les œuvres les plus connues sont mises à disposition et cette restriction limite quelque peu les possibilités pour les médiateurs. Ainsi, lors de la Micro-conférence organisée ce mois-ci à Égletons (Corrèze) sur le thème des « Femmes muses dans l’art », les guides conférencières, celle sur place et celle présente sur le support vidéo, ne pouvaient pas montrer l’ensemble des œuvres utiles à leurs propos. Elles devaient se restreindre à commenter en profondeur les tableaux La Joconde de Léonard de Vinci, Les Coquelicots de Monet et Marie-Antoinette à la rose d’Élisabeth Vigée Le Brun.
Si la présentation de chefs-d’œuvre que chacun connaît un peu facilite sans conteste les échanges à l’issue des conférences (créant ainsi du lien social conformément à l’un des objectifs des Micro-Folies), il faut espérer un assouplissement des droits très stricts de diffusion des images afin que les Musées Numériques puissent tenir également leur promesse de démocratisation culturelle.