Issy Wood n’avait encore jamais bénéficié d’un solo show en France. L’exposition Study for no, à voir jusqu’au 7 janvier 2024 à Lafayette Anticipations, dévoile la peinture intime de cette nouvelle révélation britannique née en 1993.
Issy Wood témoigne d’abord d’une tendance de notre époque : l’obsession des images. Des images personnelles qui racontent autant le désir que l’oppression sociale, un ordre contre lequel l’artiste s’évertue à dire « non ». Des bibelots aux boîtes de conserve, des vestes en cuir aux armures, les motifs se superposent en couches ou s’accumulent en patchworks au sein d’un même tableau… L’artiste pose un regard empli de dérision sur ces images, comme lorsqu’elle peint la main d’une amie aux ongles vernis qui « ressemble à un chérubin » tandis que la sienne s’apparenterait « plus à du Egon Schiele ». Ces commentaires qui accompagnent les œuvres, de l’ordre de l’anecdote, révèlent aussi les questionnements qui envahissent l’artiste. Dans une société si soucieuse des apparences et des possessions, quelle est la valeur véritable des objets qui nous lient ? Alors que les belles voitures côtoient le service de cuisine de grand-mère, les frontières entre kitsch et luxe se brouillent. Au dernier étage, une dernière salle prolonge les angoisses de l’artiste sur son existence même, qui se donne à voir sous tous les angles dans des autoportraits peints, jouant par exemple avec les reflets d’un miroir déformé dans Self Portrait 8.
Les œuvres dénotent aussi par leur réalisme et l’attention portée à la matière. Certaines toiles sont peintes sur du lin, d’autres sur du velours ; les objets représentés sont en cuir, en acier ou en porcelaine ; la touche est duveteuse et les contours estompés, réalisés d’une qui pourrait rappeler celle de Renoir. Ainsi, la sensation visuelle prend chez Issy Wood une dimension presque haptique.