Un fonds franco-allemand pour la recherche de provenance

Un fonds franco-allemand pour la recherche de provenance
Statues royales, Abomey, Musée du quai Branly
Marché

Le site du Ministère de la Culture s’en est fait l’écho en fin de semaine dernière, les ministres de la Culture français et allemand ont annoncé ce mois d’octobre le lancement d’un fonds franco-allemand destiné à la recherche de provenance des biens culturels issus d’Afrique subsaharienne.

L’inauguration de ce fonds voté pour 3 ans intervient à la suite d’une déclaration faite en début d’année lors du 60e anniversaire du traité d’amitié franco-allemand, dit traité de l’Élysée. Elle rend tangible l’association de la France et de l’Allemagne pour retracer l’historique des différents propriétaires d’un objet d’art, de sa création en Afrique subsaharienne à son entrée dans les collections françaises et allemandes.

Concrètement, les deux pays vont unir leurs ressources matérielles, leurs données et leurs experts afin de documenter la manière dont certains objets d’art sont entrés dans leurs institutions qu’elles soient culturelles, universitaires ou de recherche. Au niveau de l’investissement financier, les gouvernements français et allemand vont chacun contribuer à hauteur de 360 000 euros par an. Sur le plan du partage des informations, les éléments collectés par les structures parties prenantes seront centralisés au centre franco-allemand de recherche en sciences sociales Marc Bloch. Enfin, du point de vue de la mutualisation de personnes qualifiées, un conseil scientifique composé de spécialistes français, allemands et subsahariens aura la charge de rédiger les appels à projets publics et de retenir les programmes les plus pertinents dans le domaine de la recherche de provenance.

Cette association, qui prendra donc encore un peu de temps avant de se mettre en place, intervient dans la politique globale d’identification de toute œuvre à la provenance douteuse conservée par les institutions publiques engagées par le Ministère de la Culture. Elle répond par ailleurs à sa volonté plus ciblée de créer une nouvelle coopération patrimoniale avec les pays du continent africain, soit en restituant les biens culturels spoliés durant la colonisation, soit en proposant une indemnisation.

Avec ce fonds commun dédié à une démarche de réparation, la France et l’Allemagne ne cachent pas leur volonté d’impulser une dynamique européenne. Alors que des pays comme les Pays-Bas ou la Belgique ont engagé des politiques individuelles, le couple franco-allemand espère faire la démonstration de l’efficacité d’un travail collectif. Pour cette raison, les résultats seront présentés devant les instances européennes à l’issue de ces trois ans d’expérimentation.