Définis par le Professeur Tristan Azzi comme une structure plus ou moins formelle destinée à assurer la défense et le rayonnement d’une œuvre en accord avec son auteur ou après son décès, les comités d’artistes ont pour but de défendre l’œuvre et l’héritage moral d’un artiste.
Élaborer le catalogue raisonné, gérer les droits d’auteur, actualiser les archives et les conserver, rendre des avis sur la conformité d’expositions aux intentions de l’artiste, accepter ou refuser la création de produits dérivés, confirmer l’attribution d’une œuvre à l’artiste, lutter contre les faux et les contrefaçons : concrètement, leurs missions sont nombreuses et peu rémunérées. En effet, si certains demandent une contribution aux frais engendrés par leur activité, le but de ces comités voués à la défense d’un artiste n’est pas l’enrichissement.
Apparus pour répondre aux besoins du marché de l’art, les comités d’artistes se sont constitués en dehors de toute réglementation pensée en amont. Leurs formes sont donc diverses ; certains sont des associations, d’autres des fondations, d’autres encore de simples structures ne répondant à aucune classification juridique. Leur composition est également variable ; regroupant des personnes considérées comme experts de l’artiste (historiens, galeristes), ils peuvent accueillir ses ayants droit ou les auteurs de son catalogue raisonné mais ce n’est pas systématique et rien, dans la loi, ne les y oblige.
Plus fréquents qu’auparavant, ils sont également de plus en plus souvent sollicités par les marchands et commissaires-priseurs, notamment pour délivrer des certificats d’authenticité. La part croissante de la charge des authentifications conduisant à un nombre d’erreurs plus grand, le poids accordé à leurs opinions est très souvent mis en cause[1]. De fait, si les comités d’artistes sollicités pour une authentification dans le cadre d’une vente ont pour eux d’être les seuls acteurs à ne pas être intéressés financièrement à la transaction, leur connaissance de l’œuvre de l’artiste peut se révéler insuffisante.
Être ayant droit ne suffit pas nécessairement à maîtriser toutes les subtilités d’une pratique artistique mais les conséquences d’une erreur d’attribution pouvant être graves, il n’est pas exclu que les comités voient leur importance décroître. C’est par exemple le cas aux États-Unis où les comités d’artistes qui défendaient l’héritage moral de grands artistes tels Pollock, Warhol ou Basquiat ont dû cesser leurs activités d’authentification à la suite d’erreurs d’attribution ayant engendré des poursuites judiciaires trop coûteuses pour leurs structures[2].
[1] François Duret-Robert dans ses « Chroniques désinvoltes du marché de l’art » publié par la Revue l’Estampille d’avril à novembre 2017.
[2] Hélène Dupin et Pierre Hutt dans l’ouvrage collectif « Liber amicorum en l’honneur de François Duret-Robert » publié par les Editions du Cosmogone en 2021.