Jusqu’au 22 novembre, le site Arte propose un documentaire intitulé « Marché de l’art, les coulisses des enchères ». À l’occasion de la mise en vente du tableau Buste de femme peint par Picasso en 1971, il invite le spectateur à pénétrer dans les rouages de la maison Van Ham. De l’arrivée du camion apportant l’œuvre dans les locaux jusqu’à son achat en salle de vente, il lui permet de suivre toutes les étapes, que ce soit en termes d’expertise comme de communication.
Côté expertise, il s’agit tout d’abord de procéder à l’identification des œuvres, c’est-à-dire de retracer leur parcours pour établir leur provenance au-delà des cas récents de divorces, décès ou dettes ayant abouti à leurs mise en vente. L’expert doit pouvoir certifier que les œuvres ne proviennent pas de vols. Une autre personne doit ensuite les authentifier, à savoir vérifier qu’il s’agit bien d’originaux et non de copies. Il peut pour cela s’appuyer sur le travail des comités lesquels sont chargés d’élaborer les catalogues raisonnés des artistes. Enfin, un troisième expert est en charge d’estimer la valeur des œuvres au regard du marché de l’art actuel. Cette dernière mission demande de se tenir constamment au courant des évolutions de l’offre et de la demande en matière de styles et de médiums.
Côté communication, il s’agit, en premier lieu, de construire l’image de l’œuvre en la photographiant sous son meilleur jour. En parallèle des nombreuses retouches numériques effectuées par le photographe, une autre personne s’occupe de constituer le récit qui accompagnera l’œuvre. Réunissant toute la documentation disponible, elle en extrait les éléments les plus susceptibles d’intéresser les potentiels acheteurs. L’image et le texte sont ensuite transmis à une personne chargée de les diffuser à un large public. En effet, si peu de personnes achèteront les œuvres, l’intérêt suscité auprès du grand public participe de leurs prix. Tous les moyens sont donc bons pour les faire connaître jusqu’à ce reportage qui permet au commissaire-priseur Markus Eisenbeis d’associer la maison fondée par sa mère à un chef-d’œuvre de l’art moderne.
La communication est un enjeu de taille puisque, comme l’explique le documentaire, l’ensemble de la maison fonctionne sur les commissions gagnées lors des ventes qui ont lieu deux fois par an. Le reportage qui se clôt par l’achat du tableau de Picasso rend palpable l’importance de ces enchères pour la maison Van Ham. Il ouvre néanmoins sur des perspectives positives puisqu’en dépit de la crise de la covid, de l’inflation et des guerres, le tableau estimé entre 1,5 et 2,5 millions d’euros est finalement adjugé à 3,4 millions d’euros.