La licorne, motif à la mode dans différents domaines de nos vies (des jouets pour enfants aux objets design à destination des adultes), est également très présente dans l’art contemporain. Visible dans les peintures de Lauren Coullard (Magma) comme dans celles de Julien Des Monstiers (Le réel), il n’est cependant pas certain qu’elle provienne seulement de la société de consommation. Il est possible au contraire qu’elle soit issue de l’observation de la célèbre tenture intitulée La Chasse à la licorne. Bien que réalisée au XVème siècle, cette série de sept tapisseries représentant la poursuite, la capture puis la mort d’une licorne par un groupe de chasseurs précédés de leurs chiens est en effet régulièrement interprétée par de jeunes artistes. On peut notamment citer, parmi les reprises dans lesquelles la référence est évidente, La Noble pastorale de Suzanne Husky ou Le grand Sabbat d’Agathe Pitié.
Mondialement connue, La Chasse à la licorne est considérée comme une allégorie de la crucifixion et de la résurrection. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’elle se retrouve au centre d’une série de tableaux de l’artiste américain Mark Bradford lequel, bien qu’utilisant un vocabulaire abstrait, dit puiser son inspiration dans les thèmes de la prédation, de la destruction mais aussi de l’espoir d’un recommencement. Dans cet ensemble, les toiles constituées de plusieurs couches de papier et de mastic, collées, poncées, déchirées et oxydées incarnent la dévastation. Présentées sur des murs couverts de papier sombre confectionné spécialement pour l’espace de la galerie Hauser & Wirth de Monaco, elles se détachent néanmoins de la noirceur suggérant un message ambigu entre désolation et espérance. Intitulée, comme le superbe morceau de Louis Armstrong, « Nobody Knows the Trouble I’ve Seen » l’exposition est à voir jusqu’au 11 mai 2024.