Les jugeant parfois trop éloignées de sa ligne éditoriale consacrée à l’art contemporain, Art Critique ne se fait pas souvent le relais d’actualités musicales. Le microfestival Cartables Électroniques n° 1 est pourtant la preuve vivante des interconnexions entre musique actuelle et art d’aujourd’hui.
Organisé à Mains d’Œuvres, lieu de création, de diffusion, de recherche et d’expérimentation bien connu des amateurs d’art parisiens, ce concert accueillera en effet cinq artistes dont trois au moins sont profondément liés au milieu de l’art contemporain.
Remarquée au Printemps de Bourges 2023, la DJ et Productrice de musique techno, Ambient et Hyperpop Alexi Shell est ainsi une ancienne élève des Beaux-Arts de Bordeaux et ce passage irradie sa musique. Au-delà de la thématique de la culture queer, présente dans de très nombreuses expositions, elle a en effet créé ses premières musiques pour des performances et conçoit encore ses lives comme des shows artistiques. Elle incarnera ainsi une créature mi-déesse mi-sorcière pour porter ses morceaux mêlant synthétiseurs et voix sur la scène de Mains d’Œuvres.
Également passé par les Beaux-Arts, de Paris cette fois, le californien Robin Jiro Margerin, Salopecia de son nom d’artiste, a pour sa part donné son premier concert dans une galerie. Exposant au Salon de Montrouge en 2014, il développe à cette époque un travail sculptural mêlant formes abstraites, imagerie internet et processus de recyclage emprunté à l’arte povera. Se faisant également commissaire, il organisait des expositions collectives dans des project spaces, notamment celui d’Arondit à Paris. On retrouvera ce goût pour le collectif dans son concert qui mêlera influences hip-hop, grunge et électro.
Estelle Morfin, Morfine de son nom de scène, a également, en plus d’une formation musicale classique, étudié les arts plastiques. Travaillant à La Gaîté Lyrique et créatrice d’une bande originale pour l’un des épisodes du podcast artistique le Bruit de l’art, elle ne méconnaît pas la dimension pluridisciplinaire de l’art contemporain. Lauréate en 2019 du concours INASOUND organisé par le groupe de recherche INA-GRM, elle incarne cette scène « underground-savante » qui viendra écouter son live fait de superpositions de nappes de synthétiseurs, de sound design et de voix.
Les deux labels à l’initiative de ce festival qui accueillera également les contributions des artistes Metaparte et Guillaume Alarm sont eux aussi très en prise avec l’art contemporain. L’esthétique moderniste propre à l’identité visuelle de Err Rec provient ainsi, selon la Cofondatrice et Directrice Artistique du label Bolanile Maté, de la célèbre école d’architecture et d’arts appliqués Bauhaus. Quant au label MONOGRAPH, il repose sur un principe de rencontre entre les arts plastiques et sonores on ne peut plus explicite : chaque album donne lieu à l’édition d’un unique vinyle dont la pochette est réalisée par un artiste.
Ces œuvres à quatre mains, illustration ultime des relations entre musique actuelle et art contemporain sous-jacentes au festival Cartables Électroniques n° 1 seront visibles sur le stand de MONOGRAPH. Il sera possible de les admirer entre deux changements de plateaux à partir de 19 heures et ce jusqu’à minuit ce samedi 14 octobre. La billetterie du festival électro est d’ores et déjà ouverte.