Toulouse-Lautrec, l’insaisissable, le documentaire de Gregory Monro actuellement visionnable sur le site d’Arte, retrace le parcours du peintre Henri de Toulouse-Lautrec, aristocrate originaire d’Albi se révélant comme artiste des cabarets et maisons closes à son arrivée à Paris.
Réalisé en 2018, le film revient également sur les innovations formelles de cet artiste formé dans les ateliers du peintre académique Léon Bonnat et du très classique, bien que plus ouvert aux innovations impressionnistes, Fernand Cormon. Admirateur de Degas et de Manet, Lautrec s’inspire de leurs techniques pour croquer des corps en mouvement dans des cadrages nouveaux. Tourné vers les technologies modernes, notamment la photographie, il utilise également beaucoup la lithographie. Sans ombres ni modelés, ses affiches, puis ses illustrations réalisées pour la presse, sont à l’origine d’une esthétique nouvelle.
Un peu sombre peut-être par la colorimétrie des images comme par les timbres de voix choisies pour les commenter, ce film a le mérite de retracer en moins d’une heure l’environnement social, économique et moral dans lequel a évolué cet artiste majeur. La vie parisienne, et plus spécifiquement la scène montmartroise fin de siècle, constitue le contexte de sa création mais aussi celui de nombre de ses camarades artistes, écrivains (comme Gide) et poètes (comme Mallarmé). En peinture, c’est certainement lui qui saisit le mieux l’esprit de cette époque. Un peu moqueur à son arrivée dans la capitale, le regard qu’il porte sur les ouvrières et filles de joie s’attendrit au fur et à mesure qu’il s’intègre dans leur milieu. Sombrant dans l’alcoolisme, le peintre, handicapé depuis son enfance et mort à 37 ans, expose la solitude derrière l’ambiance de fête.
Le reportage est à découvrir jusqu’au 07/01/2024.