Qu’y a-t-il de commun entre le peintre Henri Matisse, le réalisateur Alfred Hitchcock et le philosophe Friedrich Nietzsche ? Ils ont aimé la ville de Nice telle qu’ils l’ont connue, chacun à son époque. Certains artistes y sont nés (le plasticien Ernest Pignon-Ernest), d’autres s’y sont installés durablement (le peintre Auguste Renoir) quand d’autres encore n’y ont fait que passer (le réalisateur Jean Vigo) mais tous y ont créé comme le montre le documentaire de Thierry Thomas intitulé « Nice, les artistes et l’azur ».
D’une durée d’une heure environ, le reportage disponible jusqu’au 16 octobre insiste sur l’importance de cette ville pour les créateurs qui y ont vécu. Lumineuse et colorée, elle a influencé la palette des peintres qui l’ont prise pour modèle. Qu’ils se soient installés à Nice, comme Berthe Morisot, ou qu’ils aient pris leur quartier dans les environs, comme Pierre Bonnard, ils ont dû revoir leur manière de travailler. Il faudrait pour peindre ce pays « une palette de diamants et de pierreries » disait ainsi Claude Monet tandis que Pablo Picasso intégrait le sable de la plage directement dans ses compositions.
Ses atouts naturels ont fait de Nice une ville particulière, cosmopolite, dont le reportage entend également retracer l’histoire. Il revient sur son tardif rattachement à la France et sur l’influence des Italiens, mais aussi des Russes et des Anglais venus dès le XIXe siècle y passer leurs vacances d’hiver. Construisant de riches villas et instaurant tour à tour concours d’élégance, carnavals, virées au Casino, rencontres sur la promenade et premières baignades, ils ont façonné l’urbanisme comme les modes de vie. Si le documentaire semble avoir oublié les artistes de la pourtant fameuse école de Nice, il fait alterner des vidéos du Nice d’hier et d’aujourd’hui avec des photographies d’œuvres réalisées dans cette ville par de très grands artistes (un magnifique autoportrait de Bonnard, un sublime violon de Matisse).
Entre réalité et représentation, il donne envie de la revoir en noir et blanc à travers le regard triste de Jeanne Moreau dépendante aux jeux dans La baie des anges de Jacques Demy. Il suscite le désir de l’imaginer à nouveau, en couleurs cette fois, celles des premiers émois amoureux de Rosemary, l’héroïne de F. Scott Fitzgerald dans Tendre est la nuit :
« C’est à mi-chemin de Marseille et de la frontière italienne, un grand hôtel au crépi rose, qui se dresse orgueilleusement sur les bords charmants de la Riviera. Une rangée de palmiers évente avec déférence sa façade congestionnée, tandis qu’une plage aveuglante s’étend à ses pieds. Un petit clan de gens élégants et célèbres l’a choisi récemment pour y passer l’été. »