Discrètement, au bas d’une photographie, un passeport français et un passeport algérien sont compressés sous une marmite en inox neuve. Dans celle-ci se réfléchissent lumières, tissus et silhouettes, comme un clin d’œil à la peinture flamande du Siècle d’Or.
Cette Cocotte au foyer et d’autres vanités contemporaines de Maya Ines Touam sont présentées à la galerie Les Filles du Calvaire jusqu’au 28 octobre. L’exposition offre un riche aperçu d’un travail que la photographe décrit comme anthropologique et symbolique.
Née en 1988 en France de parents algériens, Maya Ines Touam puise dans son expérience personnelle du métissage ses réflexions autour de cultures plurielles en échange mutuel. Avec ces Choses qui restent, comme les nomme le titre de l’exposition, l’artiste ouvre un dialogue entre l’histoire de l’art occidental et l’histoire des trajectoires migratoires. Sa plus récente série, Replica, propose par exemple une relecture de plusieurs œuvres de Matisse, parmi lesquelles Polynésie, la mer, devenue ici L’Enfance, la mer. Dans une composition et des teintes proches de celles du peintre moderne prennent place de nouveaux objets du Maghreb et d’Afrique.
À travers les natures mortes de Maya Ines Touam se côtoient ainsi étoffes et pailles en plastique, masques anthropomorphes et boîtes de conserves. Tous glanés quelque part entre lieux d’origine, de passage et d’arrivée. De fait, la diaspora progresse dans l’espace comme dans le temps, et la photographe nous interroge sur la confrontation entre traditions culturelles et consumérisme moderne.
Finalement, de cette inhabituelle proximité d’éléments si différents se dégage une atmosphère onirique renforcée par les contrastes des formes et couleurs. Ce langage visuel nous amène à faire abstraction de l’usage particulier des objets pour valoriser leur force mémorielle.