Le musée des Beaux-Arts de Lyon fait évoluer régulièrement les accrochages de ses collections des XXe/XXIe siècles, permettant des dialogues avec les autres œuvres déjà présentes. Des dialogues ou des confrontations thématiques, chronologiques et c’est dans cette démarche que le musée rend actuellement hommage et ce, jusqu’au 9 octobre prochain, à l’un des artistes les plus singuliers du siècle dernier, le peintre français d’origine hongroise Miklos Bokor, disparu en 2019. Un événement qui a pu voir le jour grâce à une donation récente de peintures et de dessins, représentant régulièrement les traces des traumatismes de son passé.
Né en 1927, Miklos Bokor a été déporté à Auschwitz et dans d’autres camps de concentration à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il fut si affaibli qu’il resta hospitalisé pendant trois ans. Il se réfugie ensuite dans la campagne hongroise au début des années 1950 et réalise des portraits de paysans. Il voyage à travers l’Europe et s’installe à Paris en 1960 et son œuvre va alors s’inspirer également, en plus de sa jeunesse martyrisée, des écrits de ses amis, les poètes Yves Bonnefoy et André du Bouchet. Il peint autant des portraits que des paysages même si ces derniers seront son unique sujet à partir des années 1980 (notamment des reliefs naturels de Suisse). Il signe également des fresques au sein de la chapelle romane de Maraden dans le Lot, en 1996. D’ailleurs, nombre de ses toiles sont inspirées d’épisodes bibliques, sous l’influence de maîtres tels que Rembrandt, Le Greco, Masaccio ou Uccello. Une exposition poignante pour un artiste déjà représenté à Paris notamment au musée d’Art moderne en 2014.