L’exposition « Anne Eisner (1911-1967), une artiste américaine au Congo » présentée au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, rend hommage à cette artiste méconnue du grand public. Plus précisément, elle fait honneur à ses œuvres provenant de ses voyages au Congo, source d’inspiration considérable pour l’artiste.
C’est à l’atelier Martine Aublet, au sein du musée, que se niche cette exposition retraçant la décennie durant laquelle Anne Eisner a vécu auprès des communautés Bambuti, dans la forêt équatoriale de l’Ituri.
Avant tout à partir de ses dessins, mais aussi grâce à ses nombreuses lettres, elle a permis au public de comprendre la vie des autochtones de certaines tribus africaines, à l’époque appelées “pygmées”. Ils étaient nommés ainsi à cause de leur petite taille, et ces communautés étaient aussi stigmatisées en raison de leur mode de vie de chasseur-cueilleur, jugé inférieur au modèle occidental. Cependant, Anne Eisner a toujours été une artiste engagée : en 1930, elle luttait pour la cause antifasciste dans les milieux artistiques, et en 1940, elle figurait parmi les membres fondateurs de la Fédération des peintres et sculpteurs modernes, fédération qui prônait la liberté des artistes quelle que soit leur nationalité ou origine.
C’est en 1945, par amour pour l’anthropologue Patrick Putnam, qu’elle partit 9 ans dans la colonie belge du Congo, là où Putnam avait créé une structure permettant d’accueillir des voyageurs ainsi que des scientifiques.
Là-bas, l’œuvre réaliste de Eisner se transforma au contact de la nature luxuriante des forêts équatoriales, ainsi que des coutumes et de la culture Bambuti. Ses dessins, tirés de ses observations et de ses connaissances en ethnologie, consigne avec précision les aspects de cette vie africaine à travers une exaltation des couleurs et une épuration des traits.