Incroyable destin que celui de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, disparue il y a plus de 80 ans. Peintre rattachée à l’art naïf et l’art brut, c’est en tant que femme de ménage que l’on fait sa connaissance. Issue d’un milieu modeste, elle travaille dans des familles bourgeoises à Senlis, tout en se lançant en autodidacte dans la peinture, parce qu’un ange lui aurait dit de le faire. Ses toiles sont gorgées de couleurs, de lumières et de motifs végétaux et témoignent d’un état psychique différent des autres. Son travail est remarqué par le collectionneur et marchand d’art allemand Wilhelm Uhde (qui avait mis en avant les œuvres de Picasso, Braque ou le Douanier Rousseau). Il tente alors de l’aider à le faire connaître, mais la Première Guerre mondiale est un frein à leur collaboration. Ils se retrouvent à Senlis en 1927 et Uhde permet à Séraphine de peindre des toiles monumentales, présentées lors de l’exposition Les Peintres du Cœur sacré en 1929 et qui donnera à l’artiste son surnom de Séraphine de Senlis. Sombrant peu à peu dans la folie, elle meurt dans la misère la plus totale en 1942, alors que ses toiles commencent à rencontrer un vif succès à travers le monde, toujours grâce à Uhde.
Une histoire qui avait été racontée au cinéma en 2008 lors du film Séraphine de Martin Provost, avec Yolande Moreau dans le rôle de la peintre et qui se retrouve actuellement et jusqu’au 29 juillet sur les planches de théâtre du festival off d’Avignon. La pièce Ma Séraphine de Patrice Trigano se produit à l’Espace Roseau Teinturiers tous les jours à 18h35, sauf le mardi. Mise en scène par Josiane Pinson et interprétée par Marie-Bénédicte Roy et Laurent Charpentier (dans le rôle du collectionneur Wilhelm Uhde), la pièce retrace cette rencontre entre Séraphine et son futur mentor, tandis que le régime nazi est en train de monter. Un spectacle qui mêle à la fois Histoire, art, folie, mais aussi une grande part d’humanité.