Simon Philippe Turcot et Mylène Bouchard dirigent depuis 2006 les éditions la Peuplade qui publient des ouvrages accessibles à toute la francophonie. Avec ses douze titres par an, livres de fiction ou de poésie, leur politique de partage d’une littérature dénuée de toute barrière spatiale est une réussite.
Aujourd’hui, ce sont les barrières disciplinaires que Simon Philippe Turcot entend faire sauter en mêlant ses deux passions. « La littérature et les arts sont au cœur de ma vie depuis le début de ma carrière, et de faire se rencontrer ces deux disciplines dans un même lieu inspirant, très personnel, me réjouit » nous a-t-il confié.
Ce lieu, convivial et chaleureux, est celui de sa maison d’édition à Montréal qui désormais se fait également espace d’exposition. Implantée dans le quartier de la petite Italie où se côtoient de plus en plus de galeries, La Fonte, c’est son nom, est ouverte en semaine ou sur rendez-vous et présente des œuvres des années cinquante jusqu’à aujourd’hui.
C’est ainsi que parmi les artistes représentés se trouvent Alfred Pellan (1906-1988), Jean Paul Riopelle (1923-2002) et Guido Molinari (1933-2004). Ces trois peintres, tous issus du milieu artistique québécois, ont chacun créé leur propre style.
Prônant un art libre de toute idéologie restrictive, Pellan, au départ illustrateur de poésie et investi dans les décors de théâtre, a progressivement glissé vers l’abstraction. Ses dessins au rythme fluide et aux couleurs intenses ont notamment été remarqués et commentés par le théoricien de l’abstraction américaine Clement Greenberg.
Riopelle, dont les sujets sont souvent en lien avec la nature (et dont certaines œuvres sont actuellement exposées à la Fondation Maeght), a participé à la fondation du mouvement québécois des Automatistes. À la croisée de l’expressionnisme abstrait américain et du surréalisme, il a produit des œuvres abstraites comme des œuvres figuratives à l’apparence très symbolique.
Enfin, Molinari (1933-2004), connu notamment pour avoir participé à l’exposition majeure The Responsive Eye organisée à New York en 1965, a traversé plusieurs styles. Inspiré par l’abstraction géométrique européenne, il a, comme nombre d’artistes de sa génération, progressé d’une abstraction plutôt gestuelle à une esthétique Hard Edge.
Sur les murs de La Fonte sont aujourd’hui présentées plusieurs œuvres sur papier de ces artistes de renom, mais aussi des œuvres d’artistes contemporains comme le canadien Simon Emond, l’iranienne Anahita Norouzi ou le français Michael Romanenko.
Emond fait jouer son intuition pour sublimer la réalité dans des photographies à la frontière de l’abstraction. Norouzi réduit à quelques traits les éléments de la nature jusqu’à les rendre parfois méconnaissables. Quant à Romanenko, il travaille de plain-pied dans l’art abstrait, interprétant des thèmes classiques du genre ; à l’image de ses monochromes (dont vous pouvez trouver une analyse ici).
Pour l’instant, les œuvres de ces artistes se côtoient mais des expositions solos sont à prévoir dans le courant de l’année. À suivre donc…