La nouvelle de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu, n’en finit pas de faire parler d’elle. Succès lors de sa parution en 1831, elle fut même intégrée à La Comédie humaine en 1846. Moins d’un siècle plus tard, en 1931, elle fait partie des écrits de son auteur qui ont traversé les décennies, au point que le marchand d’art Ambroise Vollard demande à Picasso de bien vouloir l’illustrer pour une nouvelle édition, d’autant que le peintre voue une grande admiration à ce texte. Le Chef-d’œuvre inconnu sera par la suite adapté au cinéma en 1991 par Jacques Rivette (donnant le film La Belle Noiseuse avec la participation de la main de l’artiste Bernard Dufour) et donnera lieu à toute une exposition à la Maison de Balzac en 2021, histoire de boucler la boucle. Mais ce n’est pas tout. Le Chef-d’œuvre inconnu est désormais une pièce que l’on peut voir au théâtre de l’Essaïon à Paris du dimanche au mardi, jusqu’au 27 juin. Une adaptation réussie de Catherine Aymerie qui interprète avec de nombreuses nuances, ce seule en scène passionnant de bout en bout.
Elle nous transporte, sans l’ombre d’un décor ou presque, dans le Paris du 17e siècle, à la rencontre de deux peintres ayant réellement existé, Nicolas Poussin et Frans Pourbus le Jeune, ainsi que d’un mystérieux troisième artiste, Frenhofer, qui devisent sur leur art. Mais Frenhofer leur affirme avoir créé un chef-d’œuvre absolu et dont la découverte va stupéfier les deux maîtres. Une réflexion tragique et fantastique sur l’art qui se vit désormais sur scène. Le Chef-d’œuvre inconnu ne cessant de se réinventer, où le retrouverons-nous ensuite ?