En 1928, le tableau Le Père, réalisé par Marc Chagall en 1911, alors qu’il venait de s’installer à Paris, est acheté par un amateur d’art et luthier juif polonais, David Cender. Mais en 1940, ce dernier voit ses biens volés par le régime nazi et il est obligé de s’installer dans le ghetto de Lodz, en Pologne, avec sa famille. Ils sont ensuite déportés à Auschwitz. Si sa femme et sa fille y ont été assassinées, Cender lui, a survécu, sans pouvoir toutefois retrouver son tableau spolié. Il ne savait alors pas que Chagall l’avait récupéré au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1947 et qu’il était en sa possession jusqu’en 1953. Mais l’artiste lui-même ignorait que sa toile appartenait déjà à un autre et qu’elle avait été dérobée à son propriétaire pendant la guerre. En 1972, l’état allemand reconnaît la spoliation du tableau, mais ignore où il se trouve. À la mort de Chagall en 1985 à Saint-Paul-de-Vence, Le Père est entré dans les collections nationales françaises, d’abord au Centre Pompidou en 1988, puis au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris.
Le 15 février 2022, le Parlement adopte un projet de loi permettant la restitution d’œuvres d’art spoliées par les nazis aux familles juives auxquelles elles avaient appartenu. C’est ainsi que l’huile sur toile de Chagall a été rendue aux héritiers de David Cender, grâce aux recherches menées par la société Mondex. Le Père s’est alors retrouvé aux enchères le 15 novembre de cette même année, à New York, sous deux conditions : que son nouveau propriétaire accepte de la prêter afin de l’exposer au sein du Musée juif de New York et que la toile ne quitte jamais cette ville. Et ce qui fut dit, fut fait : la toile a été acquise pour la somme de 7,4 millions de dollars et elle est désormais visible jusqu’au 1er janvier 2024 au Musée juif de New York.