Il existe encore des œuvres de Pierre Brueghel le Jeune jamais montrées en public. Parmi elles, une des 90 variations de L’Avocat du village. Si on en connaît certaines pour être exposées dans des musées européens, du Louvre au musée des Beaux-Arts de Bruges, d’autres sont totalement invisibles en faisant partie de collections privées. C’est l’une d’entre elles que l’on va pouvoir admirer les 27 et 28 mars prochains, à l’occasion de sa mise aux enchères chez Drouot par la maison de vente Daguerre Val de Loire. Jusqu’à présent, cette peinture du maître flamand était conservée au sein de la même famille depuis une centaine d’années, sans jamais en sortir. Cette scène représentant des paysans pauvres enlevant leurs chapeaux et se courbant face à un avocat qui encaisse leur argent sans même prendre le temps de les regarder, est une scène bouleversante, une critique de la société de la fin du 16e siècle, ainsi qu’une satire cinglante du monde de la justice.
Surtout, ce qui étonne dans ce cas précis, ce sont les dimensions du tableau, comme si l’artiste avait décidé d’appuyer son propos. D’ordinaire, les autres versions de L’Avocat du village, un de ses sujets de prédilection, sont plus petits. Ici la toile mesure 112 x 184 cm. Ce qui en confirme sa rareté. Authentifiée en décembre 2022 par le spécialiste Klaus Ertz, la peinture est estimée entre 600 000 et 800 000 euros. Retournera-t-elle chez un nouveau collectionneur privé et ainsi disparaître de la circulation pendant quelques années supplémentaires ou sera-t-elle achetée par une institution qui en fera bénéficier prochainement le plus grand nombre ? Réponse au printemps prochain.
