Nan Goldin, 69 ans, est l’une des plus grandes photographes contemporaines, prenant sa vie et son entourage pour modèles. Elle a été particulièrement marquée par le suicide de sa sœur en 1963 et quand elle s’initie à la photographie à l’âge de 15 ans, c’est tout naturellement qu’elle a décidé de prendre sa famille meurtrie comme modèle. Elle étend ensuite son champ artistique à travers la communauté LGBT et se fait connaître dans les années 1980 avec The Ballad of Sexual Dependency (plus de 800 diapositives projetées pour la première fois lors des Rencontres d’Arles). Parmi ses principales thématiques, la fête, la drogue, la mort qui rôde, le sexe, la violence et elle se photographie elle-même, comme dans la série All By Myself où elle n’hésite pas à montrer son délabrement physique et mental. Aujourd’hui, ses œuvres sont un peu plus apaisées, malgré des addictions qui demeurent.
Elle qui a réinventé la notion de genre et de normalité dans son travail, la voici au centre de tout un documentaire, Toute la beauté et le sang versé, réalisé par Laura Poitras. Cette dernière est habituée à filmer les grandes figures par qui le scandale arrive, puisqu’on lui doit notamment le film Citizenfour autour d’Edward Snowden. Elle filme le côté militant de la photographe, puisque cette dernière se bat depuis plusieurs années contre la famille Sackler, accusée d’être responsable de la vaste crise des opiacés dans le monde. Un documentaire à la fois artistique et politique qui est sorti dans les salles françaises le 15 février dernier.