Quel rapport existe-t-il entre le personnage de bande dessinée belge Spirou, la Seconde Guerre mondiale, la Résistance et le peintre allemand Felix Nussbaum ? Pour le savoir, il faut aller voir l’exposition (gratuite) Spirou dans la tourmente de la Shoah, visible au Mémorial de la Shoah jusqu’au 30 août prochain. La guerre de 1939-1945 y est ici racontée par le prisme de la fiction et les planches dessinées d’Émile Bravo, qui vient de faire paraître le quatrième et dernier tome de sa série L’Espoir malgré tout dans lequel le célèbre groom se retrouve victime de la Shoah, en compagnie du peintre de la Nouvelle Objectivité Felix Nussbaum, qui fut assassiné à Auschwitz. L’exposition aborde ainsi la réalité d’une époque à travers ces planches et retrace des destins oubliés.
Dans la bande dessinée, Spirou se lie d’amitié avec Felix Nussbaum qui continue de peindre malgré son enfermement et Felka Platek, autre artiste ayant réellement existé. Certains de leurs tableaux ont disparu lors de leur déportation, mais on peut ici en retrouver la trace et la mémoire. L’exposition est aussi le prétexte pour parler de la Belgique sous la Seconde Guerre mondiale et les conditions de vie de ses habitants, tout en mettant en avant deux figures de l’époque : l’éditeur Jean Dupuis qui publie Le Journal de Spirou et qui part s’exiler à Londres et Jean Doisy, son rédacteur en chef. Ce dernier entré en Résistance, est chargé du recrutement pour le Comité de défense des Juifs. Une exposition passionnante par le prisme du neuvième art et qui donne à voir Spirou d’un tout autre regard.