Ce 28 décembre, sont sortis deux films où l’art se retrouve plus ou moins en premier plan. Il y a bien sûr le biopic italien sur le Caravage de Michele Placido, avec notamment Riccardo Scarmacio, Isabelle Huppert et Louis Garrel. Mais aussi le thriller autrichien Hinterland de Stefan Ruzowitzky à qui l’on doit le film Les Faussaires, Oscar du meilleur film étranger en 2008. Un film particulièrement sombre et pessimiste pour finir l’année. On y conte le retour à Vienne d’une poignée de soldats qui furent prisonniers de guerre en Russie, à la fin de la Première Guerre mondiale. Tandis qu’ils essaient de se refamiliariser à leur vie d’avant sans y parvenir, un mystérieux tueur les assassine les uns à la suite des autres. Un polar noir comme on en a déjà vu plus d’une fois (on flirte avec les ambiances poisseuses et nauséabondes d’un Seven), mais dont la forme va en ravir plus d’un.
Hinterland a été entièrement réalisé sur fond bleu, afin de recréer le Vienne du début des années 1920. Mais d’une toute autre manière que celle qu’elle était vraiment alors. Ruzowitzky tenait à ce que le héros principal, de retour, ne reconnaisse plus ses racines et de fait, toute la ville est distordue et ses couleurs sont totalement délavées. Un hommage vibrant à l’expressionnisme allemand, courant artistique justement né dans les années 1920. Le réalisateur souhaitait donc faire des clins d’oeil à des œuvres telles que les toiles d’Otto Dix, mais aussi les films Nosferatu, Metropolis, ou Le Cabinet du docteur Caligari et même les bandes dessinées de Tardi. Le film est donc une véritable splendeur esthétique, chaque plan semble un tableau en mouvement, tout en étant particulièrement crépusculaire. À voir ne serait-ce que pour cette prouesse technique et onirique.