C’est sans doute l’un des peintres les plus sulfureux de l’histoire des arts, dont la vie tumultueuse est aussi fascinante que ses peintures. Le Caravage va faire l’objet d’un biopic minutieux et lyrique le 28 décembre prochain dans les salles de cinéma. Sobrement intitulé Caravage, ce film italien de Michele Placido (à qui l’on doit la série Suburra) réunit un casting hétéroclite et européen : Riccardo Scamarcio incarnera le bouillonnant artiste et donnera la réplique aux Français Louis Garrel, Isabelle Huppert et Lolita Chammah. On retrouvera le peintre en fâcheuse posture quand, en 1609, il se retrouve accusé de meurtre et se voit dans l’obligation de fuir Rome pour Naples, où il trouve l’appui de la famille Colonna. Une enquête est alors diligentée contre lui par le Vatican, qui envoie un inquisiteur pour livrer des informations sur cet artiste trop subversif…
Une idée de film qui remonte à plus de 54 ans en arrière, lorsque le réalisateur passait du temps au Campo dei Fiori, où flotte le souvenir du moine et philosophe Giordano Bruno, exécuté sur cette même place, faisant remonter des discussions autour de cette époque sombre, dans laquelle Caravage cherchait désespérément sa place, entre papauté, misère et noblesse. Le réalisateur avait alors envie de montrer le peintre dans toute son authenticité, partagé entre liberté de moeurs et sujets édifiants, avec toute la difficulté de s’imposer dans un univers gangrené par les espions français ou espagnols qui pullulaient, ou la criminalité qui faisait rage. Michele Placido a conservé certains éléments de ce premier projet, pour montrer la dualité du Caravage, mais aussi comment il se confrontait au monde qui l’environnait. Le film est sombre et porté par une reconstitution fidèle de l’Italie du XVIIe siècle, avec des toiles recréées de manière précise, comme si l’artiste venait de les achever. Sans doute l’un des films parmi les plus attendus de cette fin d’année .