Samuel Berger, dit Sam Szafran, a eu toute sa vie influencée par les blessures de son enfance. Né en 1934 dans une famille juive polonaise émigrée en France, il échappe de peu à la rafle du Vel d’Hiv, tandis qu’une partie des siens est envoyée et exécutée dans des camps nazis. Emprisonné à Drancy, puis pupille de la Nation, il part après la guerre en Australie en compagnie de sa mère de sa sœur. Là, ses malheurs se poursuivent, car il se retrouve maltraité par l’oncle qui les héberge. Ce passé se reflètera dans toutes ses œuvres à venir, alors qu’il trouve sa voie en tant que peintre lors de son retour en France dans les années 1950. Il commence par de l’art abstrait avant de se lancer dans les œuvres figuratives et la pratique du pastel qui feront son succès à partir des années 1960. Ses sujets de prédilection seront ses états intérieurs, son atelier, ses plantes et même les escaliers qui vont peupler dessins et aquarelles. Ce qu’il affectionne, c’est travailler ce qu’il appelle la « perspective de l’oeil arabe », basée sur l’ovale de l’oeil, offrant ainsi différents angles de vue.
L’artiste nous a quittés en 2019, mais la Galerie Dil, située au 86 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, a décidé de lui rendre un vibrant hommage jusqu’au 30 octobre. C’est ainsi que le public peut se singulariser avec son œuvre singulière, découvrir ses fameux philodendrons, caoutchoucs et autres aralias de son cru, mais aussi, ses escaliers tortueux et ses personnages endormis ou perdus dans leurs pensées. En tout, ce sont 24 œuvres et de nombreuses photographies qui émaillent toute l’étendue du travail de Sam Szafran, s’étendant sur plusieurs décennies, avant la première rétrospective de l’artiste, Sam Szafran. Obessions d’un peintre, prévue du 28 septembre au 16 janvier 2023, au musée de l’Orangerie.