C’était l’une des plus grandes artistes contemporaines australiennes et pourtant, elle est quasiment inconnue dans nos contrées. La Fondation Cartier répare cette injustice avec l’exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, nom complet de l’aborigène Sally Gabori, devenue une star de l’expressionnisme abstrait à l’âge de 81 ans. Pourtant, si elle se met à créer à cet âge avancé, la renommée internationale est très vite venue, jusqu’à sa disparition en 2015 après près de dix années de carrière (elle peignait alors jusqu’à cinq jours par semaine). Elle laissait derrière elle de nombreux œuvres colorées (plus de 2 000 !), totalement différentes de tous les courants esthétiques qui existent et uniques en leur genre au sein de la peinture aborigène contemporaine. C’est après une vie pour le moins difficile que la future artiste, vivant alors avec son mari dans un foyer pour personnes âgées sur l’île Mornington, s’inscrit dans un atelier d’art et se découvre des velléités de création. Tant et si bien que ses œuvres ont fait le tour du monde, se retrouvant notamment à la Royal Academy of Arts de Londres ou à la Biennale de Venise.
Désormais, certaines de ses peintures sont exposées dans des musées internationaux, du Musée du Quai Branly de Paris à la Galerie nationale d’Australie à Canberra. Mais c’est bien à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain que se tient sa toute première rétrospective européenne, à voir jusqu’au 6 novembre. On y retrouve une trentaine de ses œuvres les plus monumentales, en collaboration avec sa famille (elle peignait notamment avec deux de ses filles vers la fin de sa vie) et avec la communauté kaiadilt dont elle faisait partie. Sans doute l’une des expositions les plus bouleversantes de cet été.