Le monde du street-art est en deuil. En effet, Radhia Novat, dite Miss.Tic, nous a quittés le 22 mai dernier, à l’âge de 66 ans. Plasticienne et poète d’art urbain, elle a essaimé pendant 37 ans ses fameuses œuvres au pochoir taguées un peu partout dans Paris, suivies d’une phrase féministe ou de jeux de mots bien sentis, au point de devenir elle-même une véritable institution. Après des études d’arts appliqués, c’est au théâtre qu’elle fait ses premières armes au début des années 1980, en faisant des maquettes ou des décors. Après un séjour californien et une rupture amoureuse, elle retourne à Paris où elle fait la rencontre des artistes de la bande Ripolin et Vive la peinture qui l’initient au pochoir. Elle se lance avec un autoportrait sur un mur du 14e arrondissement et se trouve un pseudonyme inspiré d’un personnage Disney, la fameuse Miss Tick, sorcière bien décidée à dérober la fortune de l’oncle Picsou.
De fait, les femmes dépeintes par l’artiste sont toutes brunes et dotées d’une robe noire et chacune délivre des messages féministes en avance sur leur temps. D’abord sur les murs de Montmartre, puis sur ceux de Ménilmontant, du Marais ou de la Butte-aux-Cailles. Ces avatars de Miss.Tic représentent fantasmes, idéaux, coups de gueule, désirs et rêves cachés, abordent la séduction féminine et le fétichisme, questionnent les hommes et les femmes et se font universels. Rapidement, l’artiste commence à exposer son travail dans des galeries, reçoit des commandes publiques et privées, participe à des foires d’art contemporain internationales comme à Venise ou Miami et entre même dans la collection du Victoria and Albert Museum de Londres. Miss.Tic n’est plus, mais son travail, lui, restera à jamais sur les murs de Paris.