Le 23 mars dernier, chez Artcurial, était proposé le Panier de fraises des bois de Jean Siméon Chardin, une nature morte considérée comme un chef-d’oeuvre non seulement pour sa composition, mais aussi pour l’excellente condition de son état de conservation. La peinture, représentant un panier garni de nombreuses petites fraises, avec à ses côtés, un verre d’eau, des oeillets, une pêche et deux cerises, était estimée entre 12 et 15 millions d’euros et allait être une des ventes les plus suivies de ce printemps. Ce fut effectivement le cas, puisque la toile a finalement été adjugée à 24,38 millions d’euros à une galerie new-yorkaise, après des enchères fort mouvementées. Ce qui signe le record de vente pour une peinture de Chardin, mais aussi le record pour un tableau estimé par le cabinet Turquin et le record de vente pour un tableau français du XVIIIe siècle. Et ce n’est pas terminé, la destinée de ce Panier de fraises des bois est encore montée d’un cran.
La toile risque en effet de ne pas quitter le sol français de sitôt et de gagner les Etats-Unis. L’État français vient en effet de la nommer « Trésor national ». Ce qui a pour conséquence de suspendre la vente et d’empêcher le tableau de quitter notre territoire pour une durée de trente mois. Un délai qui va permettre à l’État de récolter la somme nécessaire pour le racheter auprès de son nouveau propriétaire et de le préempter. Le musée du Louvre a notamment montré son grand intérêt pour ce Chardin pas comme les autres. « Jalon incontournable dans l’histoire des natures mortes de la peinture occidentale, cette œuvre magistrale constitue par sa modernité un trait d’union sans équivalent entre l’héritage hollandais transcendé par Chardin et les mouvements artistiques précurseurs de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle » a ainsi précisé le ministère de la Culture. Suite et fin de ce rebondissement dans une trentaine de mois…
