Le groupe hôtelier français Accor souhaite briser le monopole du « Venice Simplon-Orient-Express », un train prestigieux à l’aura mythique et exploité par le leader mondial du luxe LVMH (Belmond). Un défi de taille pour Sébastien Bazin, PDG du groupe.
C’est une drôle d’annonce qui pourrait faire sourire certains experts du secteur. Le groupe Accor, qui exploitait depuis 2017 des wagons-restaurants de l’Orient-Express pour des réceptions privées et qui préparait sa sortie après l’échec d’un hôtel à Bangkok, affirme vouloir renforcer sa présence dans ce train prestigieux, exploité par l’hôtelier haut-de-gamme Belmond (Le Cipriani à Venise, le Copacabana Palace à Rio etc.), propriété de LVMH. L’entreprise présidée par Sébastien Bazin souhaite aujourd’hui se positionner sur le segment des trains-croisière de l’Orient-Express : Accor a déjà acquis six trains, rebaptisés « Orient Express La Dolce Vita », et nourrit l’ambition de proposer une douzaine d’itinéraires avec des voyages prévus dès 2023.
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Inauguré en 1883 à la gare de Strasbourg, ce « palace à vapeur », connu notamment pour le raffinement de son wagon-restaurant tendu en tapisserie des Gobelins, et immortalisé par la littérature et le cinéma, relie Paris à Constantinople sur 3000 kilomètres. Symbole de la révolution industrielle triomphante, trait d’union entre l’Orient et l’Occident, l’Orient-Express est décrit à l’époque comme un prodige visuel et matériel, avec maroquin, cuir de Cordoue ou encore velours de Gênes. Il nourrira longtemps l’imaginaire des écrivains, accueillant dans ses wagons diplomates, espions, artistes ou aristocrates exilés.
On s’étonne donc un peu que le groupe Accor, hôtelier grand public et expert du milieu de gamme (Novotel, Mercure, Adagio, Mama Shelter) et de l’économique (Ibis, Formule 1), veuille relever le défi, de taille, d’entretenir la mythologie d’un train appartenant au segment de l’ultra-luxe. Accor ( entre 1 et 2 milliard d’euros de chiffres d’affaires) devra donc rivaliser avec la société britannique haut-de-gamme Belmond, appelée autrefois « Orient-Express Hotels Ltd », spécialiste des trains touristiques et des croisières fluviales. Dès les années 70, la société met la main sur le Train bleu, l’Etoile du Nord ou encore la Flèche d’or, puis ressuscite l’Orient-Express en créant en 1982 le «Venise-Simplon-Orient-Express», avant d’être rachetée en 2019 par le leader mondial français du secteur LVMH et ses 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires.