Sur nos écrans depuis le 22 décembre dernier, le documentaire chinois Copyright Van Gogh de Yu Haibo et Yu Tianqui Kiki (un père et sa fille), réalisé en 2016, présente le portrait d’un faussaire pas comme les autres. Nous sommes transportés dans la province de Shenzen, en Chine donc, au sein du village de Dafen qui a pour particularité de posséder entre ses murs de nombreux ateliers de peintres. Dafen serait-il une capitale de l’art méconnue ? Non, car ces ateliers servent essentiellement à reproduire des tableaux occidentaux mondialement célèbres pour être ensuite revendus à travers le monde. Les deux réalisateurs se sont donc intéressés à ce phénomène où les faussaires passent leur vie à peindre à la chaîne, où les toiles sèchent à l’extérieur sur des cordes à linge en une économie florissante, puisqu’on estime que ces tableaux ont rapporté plus de 65 millions de dollars de 1989 à 2015.
Surtout, Yu Haibo et Yu Tianqui Kiki ont suivi un parcours d’un de ces faussaires encore plus étonnant, celui de Xiayong Zhao qui a réalisé, avec sa famille, plus de 100 000 copies de tableaux de Van Gogh, son peintre de prédilection, sans pour autant connaître véritablement son travail. Mais si ses toiles sont si exceptionnelles (et recherchées), c’est parce que le copiste s’est pris d’amour pour les œuvres de l’artiste néerlandais. Pour la peine, il décide de se rendre en Europe à sa rencontre. Il part ainsi à Amsterdam découvrir le musée Van Gogh et rencontrer un marchand d’art, un de ses plus importants clients. Un documentaire émouvant qui pose la question de ce qu’est véritablement l’art et celle de la frontière, parfois mince, entre chef-d’oeuvre et reproduction.