Le Kazakhstan illumine Strasbourg le temps d’une soirée

Le Kazakhstan illumine Strasbourg le temps d’une soirée
Kazakhstan
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Il est des pays sur lesquels le soleil tarde à se coucher. À l’image de son drapeau or et turquoise figurant un aigle qui vole sous l’astre solaire, la culture du Kazakhstan a de quoi éblouir. Même à des milliers de kilomètres de ses steppes, ce pays pivot entre la Chine et la Russie est parvenu à illuminer Strasbourg le temps d’une soirée.

Lundi 27 septembre, au cœur du parc de l’Orangerie, le pavillon Joséphine a ainsi vibré au contact des arts du Kazakhstan. Photographie, musique, dessin, gastronomie et même œnologie étaient à l’honneur afin de célébrer les trente ans de l’indépendance. Sur le thème « Kazakhstan : trente ans de stabilité et de progrès », le consul général Anuarbek Akhmetov a feuilleté les pages du roman national.

« Le Kazakhstan mérite une bien meilleure place dans notre culture »

Parmi le parterre de personnalités politiques et artistiques, le photographe français Eric Vazzoler a présenté son exposition de photos. Des hockeyeurs sur glace aux joueurs de kokpar, sorte de rugby à cheval, les clichés montrent des paysages et personnages du pays. « Cet été, j’ai pris deux groupes de dix gamins entre 11 et 13 ans en atelier à Almaty. Les uns venaient de Sarjal, à l’est du pays. Les autres d’Aralsk, au sud-ouest près de la mer d’Aral. Tous ont alors découvert piscine, discothèque et colonies de vacances » raconte le photographe. Avec son œil exercé, il appelle les Européens à dépasser le déficit d’image dont souffre le Kazakhstan. « Il y a plein de raisons de penser que le Kazakhstan mérite une bien meilleure place dans notre culture : les richesses de son sous-sol (pétrole, gaz, uranium), ou ce qui se passe en Afghanistan et aux frontières de la Russie », argue l’artiste.

Dressant un bilan d’étape trois décennies après l’indépendance, le sénateur Askar Shakirov, vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s’est gardé de tout triomphalisme. L’élu se félicite néanmoins des « succès du peuple kazakh » dans des chantiers aussi délicats que « la transition d’une économie planifiée au libre marché, l’augmentation du niveau de vie, la construction de la démocratie, et l’avancée des droits sociaux ». En l’espace d’une génération, le pays fait figure de laboratoire au sein de l’espace post-soviétique. Bien que les inégalités ne s’effacent pas du jour au lendemain, la coopération avec le Conseil de l’Europe porte ses fruits. C’est le constat qu’établissent les membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil conviés à la soirée. A la tribune, Emanuelis Zingeris et les vice-présidents de l’Assemblée Kimmo Kiljunen et Arkadiusz Mularczyk saluent unanimement l’adhésion des autorités kazakhes à la Commission de Venise pour la démocratie par le droit.

« Une volonté de se soumettre aux standards internationaux »

Sans nier les progrès qui restent à accomplir, les derniers développements incitent à l’optimisme. Signe de bonne volonté, le Kazakhstan a adhéré également en 2020 au Groupe d’États contre la corruption (GRECO), autre organe du Conseil de l’Europe. En attendant les conclusions des observateurs internationaux, « cette démarche dit quelque chose de la volonté de se soumettre à des standards internationaux » aux dires de sa responsable Laura Sanz-Levia. Sur le front du développement économique, les dirigeants du Kazakhstan devront encore batailler. Le sénateur Ali Bektaiev, président du parti agrarien, ne met pas la poussière sous le tapis : « Les agriculteurs forment 42% de la population. A nous d’évaluer nos technologies, de développer de nouveaux types de productions, de créer de la matière grise et d’exporter nos produits… », glisse-t-il.

Si le peuple kazakhstanais peut croire en son destin, c’est aussi grâce à un sacré atout dans sa manche : la jeunesse. 80% de la population y a moins de 55 ans. Le talent n’attendant pas le nombre des années, le concert des deux jeunes virtuoses Aigerim Matayeva et Agerim Yersainova en témoigne. Un pur instant de poésie entre piano, kobyz (vièle kazakhe) et guimbarde. En arrière-plan, les dessins au sable signés Aizhan Zharkeshova magnifient les mélodies. A l’unisson, le tandem Matayeva/Yersainova lui rend hommage puis s’enthousiasme: « Il y a beaucoup de jeunes intelligents et talentueux au Kazakhstan. Le chanteur Dimash Qudaibergen fait carrière en France et dans le monde entier après avoir gagné un concours télévisé en Chine. De plus en plus, les jeunes Kazakhs s’ouvrent sur le monde. Ils voyagent et reviennent au pays, ce qui insuffle une nouvelle énergie. »

Les jeunes, devenus très patriotes, veulent développer le pays

L’énergie nationale ne se cantonne pas aux saltimbanques, comme le prouvent les étudiants kazakhs à Strasbourg qui manient un français parfait. Dans la salle, Yernar, en deuxième année d’Économie, se destine à la diplomatie, à moins de renouer avec ses premières amours. « Des opportunités s’ouvrent au Kazakhstan. On peut y investir », assure-t-il. Son cadet Olzhas, en première année d’Économie, scrute les paradoxes d’un pays désormais inséré dans le village global : « La société s’est modernisée, la mentalité est devenue plus occidentale. Les jeunes font la fête, vont sur les réseaux sociaux, ont les mêmes centres d’intérêt que les Français. Dans le même temps, ils sont devenus très patriotes et très fiers de leur pays ».

Alors qu’autrefois, la plupart d’entre eux voulaient déménager en Europe ou aux États-Unis, beaucoup veulent aujourd’hui développer le Kazakhstan, et y réussir leur vie.