Du 10 novembre au 6 mars 2022, le Mémorial de la Shoah de Drancy propose de se souvenir de tout un pan de l’architecture française dont on ne parle plus de nos jours. L’exposition Les gratte-ciels oubliés de la Muette (1931-1976) revient sur le rôle majeur qu’ont joué ces cinq tours de 14 étages au sein de la cité de la Muette de Drancy, 90 ans après leur construction. Une cité-jardin qui avait alors marqué les esprits pour leurs procédés de fabrication industrielle, parce qu’ils étaient les tout premiers gratte-ciels français, mais aussi pour leur sombre histoire : pendant la Seconde Guerre mondiale, ils avaient servi de camps d’internement et de transit vers la déportation. Tout avait pourtant bien commencé quand ils sont apparus dans le paysage de l’Ile-de-France, grâce au travail des architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods et des ingénieurs Vladimir Bodiansky et Jean Prouvé. Mais voilà, entre juillet 1942 et août 1944, ce sont 63 000 juifs qui y ont passé plus ou moins de temps avant de partir vers une mort certaine. Les tours seront finalement détruites en 1976, au moment où le Mémorial de la Shoah de Drancy était inauguré.
Cette exposition de photographies retrace ce destin architectural, entre fleuron de la patrie et honte nationale. Outre ces éléments visuels, on retrouve également des dessins et des descriptions de la part des prisonniers qui y ont vécu, des maquettes, des cartes postales, des fac-similés, des ouvrages et revues d’architecture, autant de témoignages de ces constructions atypiques au destin tragique. Le 25 mai 2001 pourtant, la cité a été classée Monuments historiques pour cette destinée pas comme les autres justement. Au public désormais de les redécouvrir et de les observer avec leur son regard d’aujourd’hui.