En 2007, l’artiste plasticien Anselm Kiefer avait inauguré la série des Monumenta au Grand Palais. C’est donc tout naturellement à lui qu’incombe d’investir le Grand Palais Ephémère pour un projet inédit de grande ampleur, baptisé Pour Paul Celan. Un travail sur la mémoire européenne qui sera visible du 16 décembre au 11 janvier prochain. L’artiste a prévu pour cette occasion une exposition de sculptures, d’installations et de 19 toiles de grand format qui toutes interagissent avec la poésie de Paul Celan, une des grandes figures qui hantent les œuvres d’Anselm Kiefer depuis son adolescence. Ce sera donc un dialogue entre le poète disparu et le peintre qui s’est intensifié selon ce dernier pendant l’année 2020, propice à l’isolement, mais aussi à la création. Ici, les tableaux que l’on pourra admirer seront une manière pour Kiefer de faire vivre les vers de Celan, mais aussi de les prolonger, d’aller encore plus loin, de leur répondre et de les faire voir d’une autre manière au public.
Les peintures seront présentées sans aucune chronologie ni scénographie spécifique, dans un espace presque nu et selon l’artiste, cette exposition serait comme si « Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ». Dans le catalogue, outre les vers de Celan, on retrouvera des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes. Ainsi que ces quelques mots de Kiefer : « La langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. Nous avons du mal à la comprendre. Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. Désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite ».