La longévité d’Alain Fleischer, dans un monde artistique éminemment volatil, ne laisse pas d’interroger : un quart de siècle à la tête du « Studio national des arts contemporains » au Fresnoy, depuis la fondation, et plusieurs décennies de création tous azimuts. On ne saurait ranger Fleischer dans une case du jeu culturel : il est à la fois romancier, essayiste, cinéaste, vidéaste, photographe… et sans doute on en oublie. Le point commun de toutes ces propositions est une singulière inventivité en matière de dispositifs. Fleischer produit à jets continus des agencements expérimentaux, sur l’écran ou sur la page. Ne dit-il pas que son propos est de « faire oeuvre à chaque instant » ?
Sous le beau titre « L’Aventure générale », le Cent-quatre avait programmé fin 2020 et début 2021 une grande rétrospective Fleischer. La gestion française de la pandémie a rendu cette exposition largement invisible au public. En cet automne 2021 a lieu, sous le même titre et au même lieu, une journée d’études rassemblant amis et exégètes de Fleischer, à l’instigation de Joseph Cohen (University College, Dublin) et Raphaël Zagury-Orly (Collège international de philosophie / CRAL). On y entendra notamment Dominique Païni, Guillaume de Sardes (qui indentifiera dans le miroir l’un des motifs obsessionnels de Fleischer), Bernard Blistène, Jean-Jacques Lebel… Une occasion privilégiée de prendre la mesure d’un parcours qui traverse la modernité.