Mercredi 23 juin, les Parisiens retrouvent l’un de leurs grands magasins les plus emblématiques, la Samaritaine. Après 16 ans de fermeture, dont cinq de travaux pharaoniques, sa façade Art Déco, brille d’un nouvel éclat. Un travail titanesque au service de l’art et du luxe, opéré par Bernard Arnault et la maison LVMH.
Bernard Arnault semble avoir réussi son pari. Celui de permettre à la Samaritaine de vivre une seconde vie sans renier l’esprit initial imaginé par le couple Cognacq-Jay. Le cœur historique de Paris est à nouveau l’objet de toutes les attentions grâce à ce joyau d’architecture et de luxe dont le groupe LVMH a su redonner tout son éclat et qui rouvre mercredi 23 juin au cœur de Paris.
La Samaritaine aura bénéficié d’une année supplémentaire pour parfaire sa nouvelle parure et étonner les Parisiens et les touristes du monde entier, lorsqu’ils pourront à nouveau séjourner dans la capitale française. Au même titre que le Bon Marché ou le Printemps Haussmann, la Samaritaine est l’un des grands magasins parmi les plus connus dans le monde entier. Fondée en 1870 par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jay, la Samaritaine a fait les beaux jours du centre de Paris, entre la rue de Rivoli et la Seine, jusqu’à sa fermeture en 2005.
D’abord bazar de produits de toutes sortes, puis vitrine du luxe français, ses 30 000 m² de superficie s’étiolent progressivement à partir des années 1970, pour laisser place à des bureaux et des commerces. Son image s’écorne, pâlit et au fur et à mesure, on ne trouve plus du tout de tout à la Samaritaine… En 2001, LVMH la rachète pour 1,5 milliard de francs et quatre ans plus tard, la soustrait au public pour des travaux de réhabilitation. Pendant seize ans et bien des péripéties juridiques, on ne connaîtra la Samaritaine que ceinte d’échafaudages et de matériaux de construction. Pour mieux renaître.
Le groupe LVMH fait revivre la Samaritaine
« Un art de vivre français, un formidable trésor patrimonial ». C’est par ces mots que s’est exprimé le président Emmanuel Macron en visitant lundi 21 juin en avant-première la nouvelle Samaritaine, en compagnie notamment de Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH. Les deux bâtiments se dressent avec majesté. La façade Art Déco côté Seine, près du Pont Neuf, a retrouvé sa magnificence. L’escalier monumental au garde-corps orné de 16 000 feuilles d’or et permettant de gravir les six niveaux du grand magasin, est toujours là. De même que sa verrière rectangulaire de 37 mètres sur 20 en structure Eiffel, à admirer au dernier étage. Là se trouve également sa sublime fresque Art Nouveau de 425 m² aux paons colorés, signée Frantz Jourdain.
Un peu partout, des photographies représentant le passé de ce monument historique. Et de-ci, de-là, des surprises artistiques, tel le mur de mosaïques que l’on peut trouver dans la cabine d’essayage Louis Vuitton, au troisième étage. Des pièces d’origine trouvées au marché aux puces, par hasard. Des travaux titanesques qui ont coûté la bagatelle de 750 millions d’euros et dont les résultats sont enfin visibles pour le grand public, au sortir de la pandémie de Covid-19. « Cet événement marque la fin de période tragique de cette crise qui a frappé le monde et notre pays. Seul un groupe familial pouvait se lancer dans un tel investissement sans retour pendant 15 ans » a ainsi rappelé Bernard Arnault.1
Bernard Arnault redonne son éclat à la Samaritaine
Plusieurs entreprises et corps de métiers ont été sélectionnés pour faire revivre la Samaritaine tant aimée des Parisiens. Les ateliers AOF, situés en Dordogne, se sont notamment occupés des feuilles de marronnier ornementales du grand escalier. L’agence japonaise SANAA s’est chargée de la verrière et des différentes structures en verre ondulées de la façade du magasin côté rue Rivoli. La société de design d’intérieur Yabu Pushelberg a utilisé des matériaux recherchés ne jurant pas avec la structure historique du magasin, à base de bronze…
Désormais, ce sont 20 000 m² qui sont destinés à la vente de produits de luxe, ainsi qu’à la restauration des visiteurs, avec quatre espaces dédiés, dont un gastronomique ayant pour chef, l’étoilé Arnaud Donckele. En tout, ce sont 600 marques de mode, d’art de vivre et de gastronomie qui seront représentées, pour un total de 3 000 employés. Un hôtel complète l’ensemble, le Cheval blanc, avec 72 chambres et suites donnant sur la Seine et qui ouvrira ses portes dès le 7 septembre prochain.