C’est la toute première exposition de ce type qui se tient actuellement au Mémorial de la Shoah à Paris. Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie est donc un véritable événement en soi. Elle retrace la vie des personnes LGBT de la République de Weimar à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si on connaît bien les « Triangles roses », ce pendant à l’Etoile jaune des Juifs pour représenter la communauté homosexuelle masculine, la répression qui a eu lieu à l’époque est encore peu connue du grand public. On passait alors d’une période de tolérance tacite avant l’arrivée de Hitler au pouvoir (il y avait même des magazines lesbiens en kiosques à journaux, dont on a ici quelques exemplaires de représentés) à une volonté d’emprisonner cette communauté. Il n’était toutefois point question d’aller jusqu’à une extermination totale, même si nombre d’homosexuels ont connu les camps de concentration et des expériences scientifiques à leur encontre.
Entre une acceptation floue en 1933 avec le culte du corps masculin et les camps, c’est donc toute une escalade d’intolérance (avec castrations obligatoires comprises) à laquelle on assiste au cours de cette exposition. Elle présente surtout des portraits d’hommes et de femmes persécutés aux destins exceptionnels, entre ceux qui ont péri dans les camps et ceux qui s’en sont sortis et qui témoignent, que ce soit en Allemagne, mais aussi dans toute l’Europe occupée, dont la France de Vichy. L’exposition s’achève avec le devenir de ces survivants, dont certains ont été à nouveau persécutés par le régime communiste. On y comprend que les combats sont encore loin d’être terminés. Entrée libre.