L’exposition est prête, il ne manque plus que les visiteurs. Nul doute que ce sera chose faite dès que le Musée Montmartre pourra rouvrir. Jusqu’au mois de septembre, il sera alors possible de découvrir Le Paris de Raoul Dufy, un des peintres qui vivaient sur la butte de Montmartre (même si son atelier, situé place Guelma, était peu connu) et qui a dépeint la capitale comme nul autre. Car c’est une véritable vision panoramique de Paris que l’on pourra entrevoir à travers ses peintures où rayonne, étincelante et à peine terminée, la tour Eiffel, en majesté sur bien des œuvres que l’on peut contempler, que ce soit en broderies de fauteuils, en paravent, en affiches ou en peintures. Paris vue de haut fascinait l’artiste et on a vraiment l’impression que ses tableaux ont été créés à vol d’oiseau, depuis un avion. Ce qui étonne surtout, c’est que Dufy lui-même n’était pas estampillé comme un peintre typiquement parisien, lui qui y a si longtemps séjourné et qui aimait tant cette ville. Le Musée Carnavalet n’a, par exemple, aucune œuvre de lui, il n’est même pas mentionné dans ses collections.
Heureusement, le Musée Montmartre répare cette erreur avec l’histoire de ce peintre qui n’a encore jamais été vraiment racontée, en une sublime exposition monographique. Celle d’un jeune homme venu de Normandie pour gagner la capitale via la gare Saint-Lazare et qu’il l’aimera jusqu’à sa mort. Celle d’un artiste qui raffolait de la musique, peignant au son de disques classiques ou de jazz, recréant Paris comme s’il s’agissait d’un paysage fantasmagorique issu de son imagination. L’exposition, chronologique, présente un artiste lumineux et déroutant dont l’une des dernières œuvres, Fée électricité, témoigne de son goût pour la nouveauté dont Paris se fait toujours l’écho.